Les banques européennes rassurent avant

Alexandre MaddensLes marchés respirent. Ils craignaient une ruée des banques de la zone euro sur le guichet de prêts à 3 mois ouvert par la Banque centrale européenne (BCE) mercredi. Elle n'a pas eu lieu. Quelque 171 banques ont finalement emprunté 131,9 milliards d'euros, contre 210 milliards attendus en moyenne par les investisseurs interrogés par l'agence Reuters. Le choc de liquidité a donc été évité. De bon augure, avant le remboursement, ce jeudi, du prêt à un an de 442 milliards d'euros contracté par 1.121 établissements financiers du Vieux Continent en 2009. Pour Jean Sassus, analyste chez Raymond James, ce résultat démontre que «la situation de liquidité du système bancaire européen n'est pas si catastrophique». D'autant que, ajoute-t-il, «une partie des 442 milliards a été empruntée par des banques qui n'avaient pas besoin de la totalité des sommes levées, mais qui ont préféré s'assurer une marge de sécurité.» Désormais, le petit jeu va consister «à savoir quelle banque a emprunté le plus lors de cette adjudication», estime un observateur. «Il y a fort à parier que la spéculation se concentrera sur les secteurs bancaires espagnol, grec et portugais.» S'agissant des banques françaises, Christian Noyer, le gouverneur de la Banque de France, estimait au micro d'Europe 1 qu'elles «se portent bien. La confiance existent entre elles. On n'a pas de gros problèmes chez nous». A l'image de leurs consoeurs européennes, les valeurs bancaires hexagonales ont retrouvé le chemin de la hausse mercredi, après avoir lourdement chuté la veille. En France, Crédit Agricolegricole affichait la meilleure progression (+3,47%), terminant la séance à 8,64 euros. Toutefois, «prudence», tempère un analyste. «A la moindre nouvelle positive, les marchés réagissent favorablement. Mais il ne s'agit que de rebonds techniques. Rappelons que le marché interbancaire reste très tendu. L'Euribor a atteint son plus haut niveau depuis plus de neuf mois [0,767%, Ndlr]. Ensuite, les montants empruntés mercredi ont atteints des niveaux record, supérieurs à ceux enregistrés au lendemain de la faillite de Lehman Brothers. En fait, seule une amélioration des tendances macro-économiques permettra de corriger le tir durablement pour le secteur bancaire», pense-t-il. Ainsi, les marchés ont le regard rivé sur le second semestre, quand les premiers résultats des plans d'austérité, notamment grec, seront connus. Or «l'évolution de la croissance grecque et de sa dette publique a fait naître des doutes sur la capacité de l'Etat à rembourser ses emprunts», estime Alex Koagne, analyste chez Natixis Securities. Une perspective inquiétante pour l'Union européenne mais aussi pour les banques, notamment françaises, dont l'exposition à la dette souveraine et à l'économie hellénique est importante. A plus court terme, les résultats des stress tests menés en Europe, qui seront connus dans la deuxième quinzaine de juillet, fourniront des débuts de réponse sur la santé réelle de la finance européenne. Infographie2col 73mm
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