Parisot, femme de campagnes

Besoin d'air, Laurence Parisot?? Pas certain. Réélue avec 93,85 % en juillet à la tête du Medef, l'ancienne patronne de l'Ifop a non seulement les coudées franches au sein de son organisation, mais elle peut aussi compter sur l'oreille attentive du gouvernement, qui, entre l'abandon de la taxe professionnelle, la réforme des retraites et l'assurance du Premier ministre de sanctuariser le crédit d'impôt recherche, ne peut être accusé d'agir contre les intérêts des entreprises. Mais la crise a laissé son empreinte destructrice, alimentant les déficits publics et la crainte des salariés de perdre leur emploi. C'est pourquoi Laurence Parisot saute d'une campagne à l'autre, et veut, à l'occasion de la rentrée sociale, déjà lancer les débats autour de la future élection présidentielle. Certes, l'échéance est encore lointaine. La chef de file du patronat français sait à quel point le temps est une donnée précieuse pour laisser infuser ses idées auprès des futurs candidats. Surtout quand celles-ci ne sont pas franchement populaires, comme ses appels à une réforme de l'assurance-maladie ou au rééquilibrage des comptes publics. Participer à la réflexionDeuxième front, plus immédiat mais géographiquement plus lointain?: celui du groupe des pays du G20, dont la France prendra avant la fin de l'année la présidence. Pas question de laisser aux seuls financiers et dirigeants des pays le monopole de la réflexion sur la gouvernance mondiale. « Les entreprises doivent y être associées, car les décisions prises dans le cadre du G20 ont un impact réel sur elles », explique le Medef. C'est pourquoi l'université d'été version 2010 de l'organisation a un petit air de Davos, en s'ouvrant largement aux dirigeants étrangers. Une façon aussi de ne pas garder les yeux rivés sur l'Hexagone. Reste - dernier défi - à surmonter la houle de la rentrée. Entre sa compréhension vis-à-vis d'une « angoisse sociale forte » et sa dénonciation du niveau français des prélèvements obligatoires « les plus élevés dans le monde occidental », le mouvement de Laurence Parisot veut, là encore, faire entendre sa voix. Et convaincre qu'il existe une voie, conjuguant aspirations sociales - sociétales, dirait-on avenue Bosquet - et libérales. Éric Chol
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