Une météo agitée pour les entreprises

STRONG>RETRAITES. La réforme la plus attendueSi les entreprises se disent globalement satisfaites du projet de loi portant sur la réforme des retraites qui sera débattue à partir du 7 septembre à l'Assemblée nationale, quelques points restent encore à verrouiller pour le Medef. Notamment le sujet épineux de la pénibilité. Alors que l'Élysée s'est dit favorable à certaines évolutions prenant en compte les effets différés de la pénibilité qui pourraient être introduites par voie d'amendement, le Medef s'y oppose. Pour quelles raisons?? « Les mécanismes envisagés pour la prise en compte des situations de pénibilité sont pris en charge financièrement par la branche accidents du travail et maladies professionnelles (AT-MP), intégralement financés par les cotisations patronales, et non par la branche vieillesse, alors qu'ils ouvriraient un droit spécifique à la retraite », explique le mouvement patronal.Autre sujet de fâcherie, l'annualisation des allégements de charges qui représente un coût de 2 milliards d'euros pour les entreprises. Pour le Medef, cette mesure sera très dommageable pour toutes les entreprises de main-d'oeuvre. « Elle pénalisera injustement toutes celles qui ont fait l'effort depuis longtemps d'offrir un treizième mois à leurs salariés », estime le Medef. FISCALITÉ. Après le temps des cadeaux, le temps des impôts?? Comme chaque année, le projet de loi de budget sera très attentivement suivi par les entreprises. Après le temps des cadeaux, symbolisé notamment par la suppression de l'impôt forfaitaire annuel (IFA) en 2008, le triplement du crédit impôt recherche en 2009 et la refonte de la taxe professionnelle en 2010, place à celui de la rigueur. Un climat d'austérité qui s'incarne dans le prochain coup de rabot de 10 milliards d'euros qui sera donné à certaines niches fiscales et sociales. Déjà mises à contribution sur ce chapitre via l'annualisation du calcul des charges et la suppression du plafonnement de la quote-part pour frais et charges sur les dividendes en régime mère-fille, les entreprises craignent que le gouvernement ne vienne limiter les avantages fiscaux qui permettent de réduire l'impôt sur les sociétés. En revanche, les chefs d'entreprise se félicitent de la décision annoncée par François Fillon de sanctuariser le crédit d'impôt recherche et ce, malgré un coût pour les fiances publiques proche de 5 milliards d'euros. Même si le gouvernement assure que le statu quo prévaudra, les entreprises du bâtiment et de la restauration restent vigilantes. Elles continuent de redouter que le taux réduit de TVA dont elles bénéficient soit relevé à un taux intermédiaire ou même passé à 19,6 %. Certains parlementaires de la majorité, au Sénat comme à l'Assemblée, ne masquent pas leur volonté d'en découdre sur ce terrain. Pour mémoire, la TVA à 5,5 % dans la restauration et le bâtiment coûtent respectivement 5,15 et 3 milliards d'euros à l'État. CONJONCTURE. Les entreprises pansent leurs plaies. Après un exercice 2009 historiquement effroyable, particulièrement dans l'industrie qui a vu ses effectifs fondre de 173.000 postes, le climat des affaires s'est progressivement réchauffé au cours du premier semestre 2010 dans le sillage du redressement de la conjoncture. Il frôle désormais sa moyenne de longue période. Un réchauffement qui s'est traduit par une reprise progressive des créations d'emplois depuis janvier, en grande partie dans l'intérim.Portée par la bonne tenue de la demande en zone euro, stimulée par le recul de l'euro par rapport au dollar, cette amélioration de la conjoncture a des chances de se prolonger au second semestre, l'indicateur de retournement attentivement suivi par Bercy et les économistes se maintenant en zone favorable. Reste que les dommages de la crise sont loin d'être effacés, en particulier dans l'industrie. Après avoir chuté de 21 % en 2009, l'investissement des entreprises industrielles progresserait de 5 % cette année. Le différentiel est énorme. Il pourrait être encore plus grand si les chefs d'entreprise révisent à la baisse leurs prévisions comme ils en ont pris l'habitude ces dernières années et jusqu'à la période récente. Ainsi, ils anticipaient une hausse de 6 % de leurs investissements en avril. Anne Eveno et Fabien Piliu
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