Des écarts qui peuvent atteindre 2 millions d'euros

pays avantage à l'europe du sudL'harmonisation salariale n'est pas encore au goût du jour en Europe. Sur les seize pays réper­toriés par AlphaValue, les écarts de rémunérations moyennes peuvent parfois atteindre près de 2 millions d'euros. C'est le cas entre l'Espagne qui tient le haut du classement avec un salaire annuel moyen de 2,44 millions d'euros et la Norvège où les dirigeants sont payés à peine plus de 450.000 euros. Ces différences tiennent notamment à des spécificités sectorielles nationales. En l'occurrence, les rémunérations espagnoles doivent notamment leurs niveaux élevés à la forte représentativité de l'industrie bancaire. D'ailleurs, la relative résistance à la crise de BBVA et Banco Santander n'est certainement pas étrangère à la bonne tenue des revenus moyens qui progressent de 2,8 % sur cette zone. L'Italie figure également parmi les six pays affichant un salaire moyen supérieur à 1,3 million d'euros, nourri principalement par la générosité des banques et des assurances. La crise étant passé par là, le montant (1,56 million d'euros) s'est néanmoins inscrit en recul de 28 % par rapport à 2007. Outre-Rhin, les grands patrons ont certes perçu 230.000 euros de moins en un an, mais ils totalisent néanmoins 1,5 million d'euros par tête. Les cadres dirigeants des groupes de services aux collectivités, comme RWE, sont restés grassement pourvus. Contrairement à ce que l'on aurait pu penser, le Royaume-Uni ne porte pas les stigmates de l'effondrement de la City. Le salaire moyen y reste non seulement élevé (1,32 million d'euros) mais sa valeur n'a baissé que de 3,4 % par rapport à 2007. Côté français, les rémunérations ont limité leur repli à 11,3 % mais demeurent inférieures à la moyenne européenne. par secteur les banques à la peineFortement décriés depuis le début de la crise financière et revenus récemment dans l'?il du cyclone avec la dérangeante question des bonus de leurs traders, les patrons des grandes banques européennes peuvent au moins faire valoir que leurs salaires moyens sont ceux qui, tous secteurs confondus, ont le plus fortement chuté (? 40,72 %) en 2008. Une chute d'autant plus brutale qu'ils détenaient, en 2007, la quatrième place du classement des plus gros salaires moyens en Europe. Dans l'ensemble, le classement suit une certaine logique : les plus fortes dégradations salariales sont notables dans les secteurs les plus exposés à la crise. C'est le cas notamment pour les biens et matériaux de construction (? 33,79 %). À l'inverse, les salaires qui ont le plus progressé se retrouvent dans les secteurs des concessions (+ 50,87 %) et dans les services informatiques (+ 45,33 %). Reste que, pour ce dernier secteur, la hausse est à relativiser au regard de la faiblesse du panel ? les sociétés du secteur sont peu loquaces, seules six d'entre elles ont bien voulu communiquer sur le sujet. Comme il fallait s'y attendre, en valeur moyenne, l'ensemble des rémunérations des grands patrons européens s'inscrit en baisse de près de 10 % en 2008 à 1,25 million d'euros (1,38 million en 2007).Si en 2007 le secteur des biens de consommation durable a connu une moyenne de 2,3 millions d'euros de rémunérations, en 2008, les quatre secteurs leaders du classement n'ont pas dépassé 1,6 million d'euros à 1,8 million d'euros. Malgré une baisse de 24,52 %, c'est le secteur des biens de consommation durable qui reste d'une année sur l'autre le plus élevé grâce à la prise en compte, dans cette catégorie, de la branche du luxe. Il est suivi de près par le secteur des logiciels, qui remporte la palme du plus gros salaire moyen, reflétant davantage la forte rémunération d'un ou deux dirigeants que l'ensemble du secteur. jetons de présence de beaux compléments de revenus pour les « cumulards »La Suisse a beau perdre un peu plus chaque jour son statut de paradis fiscal, elle demeure l'éden des administrateurs. Malgré une chute de 21,5 %, leur rémunération individuelle s'y est maintenue à 266.757 euros, soit près de deux fois et demie le montant moyen enregistré en Europe. Selon Pierre-Yves Gauthier, directeur de la stratégie chez AlphaValue, il n'y aurait pas, au sein des conseils des sociétés helvétiques, de « volonté de clarification du rôle d'administrateur ». Ainsi, tel que le souligne le bureau de recherches, en 2008, il faisait bon conseiller des groupes ?uvrant dans les secteurs des biens d'équipement de la banque et de la pharmacie où le montant des jetons de présence a oscillé entre 540.000 euros et 637 millions d'euros. A contrario, la France montre beaucoup moins d'excès en la matière et se place plutôt en bas de classement avec un montant d'indemnités moyen de 51.782 euros. Certains ont trouvé une parade pour gonfler leurs revenus : le cumul des mandats. Dans ce domaine, la palme revient à Antoine Bernheim, le PDG de Generali, qui, outre ses fonctions, occupe sept sièges d'administrateurs. Et cela pour des honoraires équivalent à environ 270 années de Smic (4,32 millions d'euros). Grâce à cela, l'ancien associé de la Banque Lazard a plus que doublé ses revenus, qui ont atteint 7,76 millions d'euros en 2008. De son côté, Michel Pébereau, qui totalise six mandats, a reçu 324.444 euros de jetons de présence l'an passé. Plus étonnant, les études menées par AlphaValue révèlent que les administrateurs indépendants sont en moyenne payés 27.000 euros de moins que leurs homologues non indépendants. Les disparités sont parfois éloquentes : elles s'élèvent à près de 90.000 euros en Italie, à plus de 120.000 euros au Royaume-Uni et culminent à plus de 200.000 euros en Suisse. L'écart est moins criant en France et s'établit à environ 13.000 euros. Reste que, d'une manière générale, l'intérêt pécuniaire a pris le pas sur les grands principes de gouvernance d'entreprise. Quelques pays, où la tendance est inversée, montrent un meilleur exemple. C'est le cas du Danemark et de l'Espagne où un administrateur indépendant est gratifié de 39.000 euros et 80.000 euros supplémentaires. Fabio Marquetty et Gaël Vaut
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