« Ne pas pénaliser les ménages modestes »

Pierre MÉHAIGNERIE, vice-président du conseil national de l'UMPVous avez fait part de vos doutes sur les réactions des électeurs à la taxe carbone. Vous craignez notamment que les ménages modestes soient pénalisés. Mais le gouvernement n'a-t-il pas prévu des compensations en leur faveur ?Je ne conteste pas le principe de la taxe carbone. Et je défends plus généralement toutes les incitations pour tendre vers une économie de la sobriété. Mais je crois que la future contribution climat énergie doit concilier trois impératifs, dont je ne sais pas s'ils sont aujourd'hui pleinement pris en compte : elle doit être juste, simple, et ne pas contrecarrer les efforts en faveur de l'aménagement du territoire.S'agissant de la justice, je ne voudrais pas que ceux qui ont aujourd'hui le plus de difficultés, qui subissent le plus lourdement les effets de la crise, les ouvriers résidant en grande banlieue ou en milieu rural, soient les premières victimes d'une telle décision. J'évalue à un quart de la population ceux qui seraient particulièrement pénalisés. Ce n'est pas rien. La plupart des industries fonctionnent sur le rythme de 2×8 ou 3×8 : comment penser que les ouvriers peuvent se passer de leur voiture pour se rendre dans leur entreprise en horaires décalés ? Je ne pourrai pas défendre devant mes électeurs une nouvelle taxe qui serait injuste.Vous demandez donc une aide à leur destination. Cela ne contredit-il pas votre exigence de simplicité ?Le risque, effectivement, c'est que le gouvernement conçoive une nouvelle usine à gaz, créant une énième prestation pour ces foyers modestes. En outre, si elle est assimilée à de l'assistance, elle passera mal dans l'opinion.En quoi la contribution climat énergie contredit-elle la politique d'aménagement du territoire ?La taxe carbone joue à l'évidence contre le maintien et l'installation de populations en zone rurale ou dans de petites villes. S'il faut parcourir 12 km pour trouver le moindre service, et que cela coûte toujours plus cher, on préfère naturellement s'installer en ville.Quelle solution préconisez-vous, alors ?On pourrait imaginer un système décentralisé. Pourquoi pas une compensation directe à destination des entreprises industrielles des petites villes ? Elles pourraient alors organiser des systèmes de transport pour leurs salariés. Propos recueillis par Ivan Best
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