Le défi de l'exceptionnelle urbanisation du pays

L'urbanisation est en train de transformer la société indienne. De nombreux paysans endettés migrent vers les villes, poussés par l'espoir d'y trouver de meilleures conditions de vie. Cet exode rural devrait s'accélérer dans les prochaines décennies. Avec un défi pour le gouvernement : comment reconvertir ces paysans - 52 % de la population active indienne aujourd'hui - dans les secteurs de l'industrie (28,2 % du PIB) et des services (54,9 %). La part de l'agriculture, elle, recule, de 21,8 % du PIB en 2004, elle est passée à 17 % en 2009.Selon Goldman Sachs, l'Inde devrait ainsi voir sa main-d'oeuvre grossir de plus de 110 millions de personnes d'ici à 2020. Mais si le pays n'arrive pas à générer assez d'emplois, le rythme de l'urbanisation ralentira et pèsera sur l'activité du pays. Selon les experts de la banque d'investissement américaine, la croissance sera alors amputée de 0,7 point par an, et aura du mal à se maintenir au-dessus de 8 % par an. Une réponse consiste à investir massivement dans le développement des infrastructures et dans l'éducation (39 % des Indiens sont analphabètes). Mais certaines politiques « anti-urbanisation », menées par les 28 régions du pays, sont un frein car elles souhaitent conserver une force de travail agricole pour sauver les familles de fermiers endettés. Suicides d'Indiens ruinésDéjà, au niveau fédéral, l'Inde est contrainte de mettre en oeuvre des politiques qui protègent la population active rurale. À l'image du National Rural Employment Guarantee Act, adopté en 2005, qui assure que tous les travailleurs agricoles aient un salaire minimal journalier garanti.La sortie ce mois-ci du film « Peepli Live », qui traite sur le mode satirique des nombreux suicides de fermiers ruinés, devrait attirer l'attention du grand public sur le véritable drame humain que traverse le monde rural indien depuis quelques années. Selon l'Institut des sciences sociales Tata, près de 150.000  Indiens ruinés se seraient suicidés en dix ans, pour sauver leur famille. Le gouvernement verse en effet 100.000 roupies (1.673 euros) à la famille du patriarche qui a mis fin à ses jours. En raison de la conjugaison de l'augmentation continue des coûts de production et de la chute des cours des produits agricoles, nombre de paysans croulent sans espoir d'y remédier dans le surendettement.Aude Villiers-Moriamé
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