Guerre des monnaies ? : la planète confrontée à la chute du dollar

Pascal Lamy n'est pas aussi affirmatif que Dominique Strauss-Kahn. Si le directeur général du FMI ne pense pas qu'il y ait aujourd'hui un risque de guerre des changes, son homologue de l'OMC, l'Organisation mondiale du commerce, rétorque que, si le risque de guerre des monnaies est faible, il n'est pas nul. Au-delà de cette querelle de mots, un constat s'impose?: le dollar s'affaiblit de jour en jour face à toutes les monnaies. Il est tombé hier à un nouveau point bas de cinq mois face à l'euro à 1,3680 et a enfoncé un nouveau plancher historique vis-à-vis du franc suisse, s'éloignant jour après jour de la parité avec la monnaie helvète.Les monnaies d'Asie, en dépit des interventions musclées des banques centrales nationales qui engrangent des tombereaux de dollars et croulent sous les afflux de capitaux, continuent elles aussi de s'affermir. Elles viennent de boucler leur trimestre le plus « florissant » - vu du côté des acteurs du marché des changes qui ont parié sur elles - depuis 2004. L'Asia Dollar Index de JP Morgan, qui retrace l'évolution des dix monnaies les plus traitées de la région, yen exclu, a bondi de 3,6 % au cours des trois mois écoulés. Les deux plus performantes, le won sud-coréen et le baht thaïlandais, se sont appréciées de respectivement 7,2 % et 6,7 %.L'Amérique latine n'est pas en reste, qui cherche à contenir la flambée des monnaies locales. Malgré les interventions quotidiennes de la banque centrale, le real brésilien a atteint hier son niveau le plus élevé depuis deux ans. Seul le yen a récemment interrompu la course folle qui l'avait entraîné à un plafond de quinze ans face au billet vert, à 82,90, le 15 septembre, faisant sortir la Banque du Japon de sa réserve pour la première fois depuis 2004. Les chiffres du ministère des Finances nippon publiés hier révèlent que le montant de l'intervention la plus importante jamais réalisée sur le marché des changes en une séance, le lendemain de ce jour maudit, s'est élevé à 2.125 milliards de yens, soit un peu plus de 25 milliards de dollars.On le voit, c'est la planète entière qui souffre de la nouvelle phase d'enlisement du dollar et cherche à s'en protéger. Car les États-Unis, s'ils n'ont pas le pouvoir de manipuler directement leur monnaie qui sert d'étalon mondial, ont concocté le cocktail explosif le plus adapté pour le faire baisser, avec l'espoir de ressusciter une croissance qui vacille. À une semaine d'intervalle, l'Oncle Sam a dégainé le « super 301 », qui lui permet de sanctionner les pratiques commerciales déloyales de ses partenaires et menacé de faire à nouveau fonctionner la planche à billets. Isabelle Croizard
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