Le budget de l'enseignement supérieur contesté

Qui dit vrai ? Chaque année lors de la discussion au Parlement, le projet de budget de l'enseignement supérieur et de la recherche, qui est examiné mercredi en séance au Sénat, est sujet à polémique. D'un côté la ministre de l'Enseignement supérieur, qui détaille l'effort supplémentaire de l'Etat pour son portefeuille, « priorité budgétaire du quinquennat ». A savoir 1,8 milliard d'euros par an promis par le chef de l'Etat sur 2007-2012 (indépendamment des 731 millions d'euros du plan de relance, des 5 milliards de l'opération campus et des 22 milliards du grand emprunt), ainsi qu'un gel des suppressions de postes de 2010 à 2013. De l'autre, une partie de la communauté universitaire, syndicats et politiques, qui dénoncent un exercice de communication.Les crédits de la mission interministérielle recherche et enseignement supérieur (Mires) augmentent de fait de 1,9 % en 2011 à 25,19 milliards d'euros. Mais la Mires regroupe des programmes relevant d'autres ministères (Économie, Écologie, Défense, Culture, Agriculture). Dans sa présentation en septembre, Valérie Pécresse a aussi communiqué sur d'autres « leviers de financement » (crédit impôt recherche, partenariats public-privé pour l'immobilier universitaire, intérêts de l'opération campus, grand emprunt...), soit « près de 4,7 milliards de moyens supplémentaires, dont 1,1 milliard » hors grand emprunt. Certains députés de l'opposition ont exprimé lors du débat budgétaire à l'Assemblée nationale leur « méfiance quant à la crédibilité des chiffres » : non seulement, assurent-t-ils, l'effort de 1,8 milliard d'euros supplémentaire annoncé ne sera pas tenu en 2011, mais en plus la France consacrera 2,21 % de son PIB à la recherche (2,23 % en 2002), loin des 3 % promis en 2012 par Nicolas Sarkozy. Par ailleurs, la manne apportée par le plan campus et le grand emprunt se limite en fait à des intérêts de dotations non consommables directement. Le Think Tank Terra Nova, proche du PS, a récemment diffusé une note, rédigée par un haut fonctionnaire anonyme, qui s'étonne aussi de la prise en compte des créances de crédits impôt recherche (CIR) dans les moyens nouveaux. « Désengagement »Quant au conseil national de l'enseignement supérieur et de la recherche (Cneser), il a adopté une motion évoquant la « présentation trompeuse » du budget et dénonçant « le désengagement de l'Etat des universités et des organismes de recherche ». « Quand on retire certains moyens dus à des changements de périmètre et l'ajout des pensions de retraite, en euros constants, le budget baisse légèrement », corrige Bertrand Monthubert, secrétaire national du PS à l'enseignement supérieur et à la recherche. Selon ses calculs, le CNRS va ainsi voir la dotation de ses laboratoires baisser de 12 % en moyenne, une fois retranchés les crédits affectés à la masse salariale et aux grands équipements. Plus largement, nombre de chercheurs craignent que le grand emprunt, dont les crédits ne seront concentrés que sur quelques élus, ne déstructure l'ensemble du système.Valérie Pécresse vient de répondre à Terra Nova, jugeant ses moyens budgétaires « classiques » incontestables. Aux 21 % d'augmentation de crédits budgétaires sur 2007-2012, elle oppose les 17 % de croissance « sur les sept années du mandat 1997-2002 », et épingle des argumentaires « mensongers », démontant chaque point... chiffres à l'appui.
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