« Le Discours d'un roi » laisse sans voix

Médias d'hier contre médias d'aujourd'hui. Cette bonne vieille TSF contre Facebook. George VI contre Mark Zuckerberg. La vieille Europe contre l'Amérique conquérante. La bataille des oscars promet d'être rude entre « le Discours d'un roi » de Tom Hooper (douze nominations) et « The Social Network » de David Fincher (huit). Et si les Golden Globes ont attribué à ce dernier film quatre statuettes, rien ne dit que les membres de l'Académie des oscars trancheront en sa faveur le 27 février au soir. Car Hooper a beau plonger ses spectateurs au coeur de l'Angleterre royale des années 1930, il réussit néanmoins un film diablement contemporain, mené d'une main de maître, dont les thèmes - le dépassement de soi, la communication, les médias de masse - touchent au coeur nos sociétés occidentales.Tout commence au stade de Wembley. Devant des milliers de spectateurs, Albert (Colin Firth), duc de York, fils de George V et frère du prince héritier Edouard VIII, est contraint de faire un discours, également diffusé sur les ondes. Mais seuls quelques borborygmes sortent de sa bouche. Un cauchemar.L'homme a beau tenter mille et une techniques pour dépasser son handicap, rien n'y fait. Jusqu'à ce que son épouse (Helena Bonham Carter) s'en aille sonner à la porte de Lionel Logue (Geoffrey Rush), un acteur australien raté, reconverti dans l'orthophonie, appliquant des méthodes atypiques.Logue prône ainsi une égalité totale entre patient et médecin. « So shocking ! » pour un membre de la famille royale. Il offre également à ses clients une extraordinaire écoute, laissant ces derniers exprimer leur mal-être, ce qui leur permet de regagner confiance en eux. Et ça marche ! Au point de permettre à Albert - devenu George VI puisque son frère a préféré cette divorcée de Wallis Simpson à la couronne britannique - d'apprivoiser l'exercice radiophonique jusqu'à incarner la voix de la résistance pendant la dernière guerre. De cette histoire vraie, Hooper aurait pu faire un monument d'académisme digne des téléfilms de la BBC. Il n'en est rien. D'un point de vue formel, le réalisateur multiplie angles et cadrages originaux, usant des gros plans pour isoler ses personnages et souligner leur extraordinaire solitude. Les décors sont trendy sans être anachroniques. Sur le fond, la méthode de Lionel Logue est similaire à celle déclinée par les psys dans les magazines.L'ensemble est servi par un humour british en diable porté par des comédiens éblouissants. À commencer par Colin Firth qui s'efface totalement derrière son personnage. Et cette histoire qui ne tient qu'à un fil - un roi bègue sauvé par son orthophoniste - se révèle aussi captivante que passionnante.
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