L'effet papillon d'une révolte populaire

STRONG>80 millions d'Égyptiens en colèreTout un symbole : à 500 milliards de dollars, le PIB égyptien pèse autant que celui de la Grèce et l'Irlande réunies. Il pourrait jouer le même rôle pour l'Europe, celui d'un maillon faible : les entreprises européennes, françaises en tête, sont en effet très investies sur place. Poids lourd économique de la région - même s'il est loin d'être considéré comme un émergent - le pays s'en veut aussi le leader. En tout cas, il en partage les maux, de l'absence de perspectives professionnelles pour les jeunes diplômés à la chereté de la vie qui pénalise les ménages, en passant par l'incurie de l'administration publique. En reprenant le slogan tunisien de «dégage» appliqué à Moubarak, le peuple égyptien fait passer un nouveau palier à la révolte. Car les Tunisiens, eux, ne sont que 10 millions et leur PIB équivaut à seulement 100 milliards de dollars...Le Proche Orient entre guerre et paix Les experts américains ont déjà trouvé un nouvel acronyme : «Majesty», pour Maroc, Algérie, Jordanie, Egypte, Syrie, Tunisie Yémen : autant de «royal pains», de casse-têtes couronnés pour le Département d'Etat américain, surtout si l'on ajoute Israël et la Palestine. Les Etats-Unis, premiers pourvoyeurs de fonds dans la région, puisqu'ils donnent, tous les ans, quelque 3 milliards de dollars à l'Etat hébreu et 2,2 milliards à l'Egypte, se veulent également les instigateurs d'une «pax americana» durable. Pour cela, les Américains comme les Israéliens ont toujours compté - de Anouar el-Sadate à Hosni Moubarak - sur les raïs égyptiens. Reste à savoir si le prochain homme fort du Caire saura stimuler de nouvelles négociations entre Israéliens et Palestiniens. Pour cela, il lui faudra composer avec une opinion publique égyptienne rétive.Et si la croissance était privée de son carburant ? Pour l'instant, de l'Algérie à l'Arabie Saoudite, toutes les puissances pétrolières de la région pompent l'or noir. Mais que se passerait-il si, en raison de manifestations à répétition ou de transitions chaotiques, la production venait à ralentir, voire à s'arrêter ? La rareté faisant le prix, les cours du brut, déjà à 100 dollars le baril, pourraient s'envoler encore - et faire capoter une reprise économique mondiale encore fragile. Scénario quasi identique s'il s'agissait seulement de la fermeture du canal de Suez. Certes, les tankers ne représentent plus que 15 à 20% du trafic total, mais ce sont les échanges entre l'Europe et l'Asie qui seraient suspendus - et la croissance mise entre parenthèses. Lysiane J. Baudu
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