Berlin prêt à acheter les données sur ses évadés fiscaux

Le gouvernement allemand est finalement prêt à acheter des informations sur les évadés fiscaux en Suisse. La chancelière Angela Merkel a soutenu que tout devait être fait pour entrer en possession de « données pertinentes » concernant la fraude fiscale. Elle ouvre ainsi la voie à une transaction avec le mystérieux informateur qui propose, moyennant 2,5 millions d'euros, de livrer à Berlin une liste de 1.500 noms de fraudeurs allemands ayant un compte en Suisse. En guise de preuve de sérieux et d'amuse-bouche, il a déjà transmis des données sur cinq contribuables qui cumuleraient près d'un million d'euros de dettes fiscales. En tout, cette liste pourrait permettre à l'Allemagne de récupérer entre 100 et 200 millions d'euros. RéticenceCe week-end, la majorité libérale et conservatrice s'est montré très réticente à cette transaction. « On ne fait pas affaire avec des criminels », a affirmé le député libéral Otto Frick, tandis que son collègue conservateur Volker Kauder, a jugé que « un vol est un vol, et l'Etat ne doit pas discuter avec des voleurs ». Même au sein du gouvernement, plusieurs ministres, comme celui de la Défense, le CSU Karl Theodor zu Guttenberg, ou le chef libéral Guido Wester-welle, ministre des Affaires étrangères, ont fait savoir leur désaccord. La chancelière et le ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, ont pourtant décidé de prendre le contre-pied de leur majorité. Ils n'avaient guère le choix. Certes, le gouvernement Merkel 2 s'est fait le champion des baisses d'impôts, mais sur ce sujet très sensible de la fraude fiscale et alors que le déficit budgétaire atteint un niveau record, il ne pouvait guère désavouer la politique du gouvernement Merkel 1. En 2008, le ministre des Finances d'alors, le social-démocrate Peer Steinbrück, n'avait pas hésité à verser près de 5 millions d'euros pour obtenir la liste de fraudeurs ayant logé leurs fonds au Liechtenstein. Un immense scandale avait suivi, impliquant notamment le patron d'alors de la Deutsche Post Klaus Zumwinckel et rapportant 130 million d'euros à l'Etat. Le ministère des Finances entend d'ailleurs « décider rapidement sur la base de ce précédent ». Bref, la priorité était de montrer la continuité de la fermeté allemande vis-à-vis de la fraude fiscale. Désormais, Angela Merkel va devoir faire face à la mauvaise humeur de son camp. Mais aussi de Berne, qui refuse de coopérer dans le cas de données dérobées, alors même que les deux pays sont en pleine négociation de leur accord bilatéral de coopération fiscale. Wolfgang Schäuble a cependant affirmé maintenir le contact avec son homologue helvétique. Signe qu'il n'entend pas, comme Peer Steinbrück l'an passé, rouvrir une ère de nouvelles tensions avec Berne. n
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