Les intérêts économiques américains en Chine pourraient être menacés

On n'avait pas besoin de ça », s'exclame un homme d'affaires américain basé à Pékin, en référence à la vente d'armes à Taiwan annoncée vendredi dernier par l'administration Obama. Présent en Chine depuis vingt ans, cet industriel est convaincu qu'il s'agit de la plus grave crise entre les deux pays qu'il n'ait jamais connue. Lundi, le climat n'était guère à l'apaisement entre les deux grandes puissances. L'administration américaine a confirmé son soutien à Taiwan. En visite à Tokyo, le secrétaire adjoint américain à la Défense pour l'Asie-Pacifique, Wallace Gregson, a rappelé que les États-Unis devaient « assurer la capacité d'autodéfense » de l'île nationaliste.Après Copenhague, Google, un discours très critique de Hillary Clinton sur la liberté d'expression et maintenant la vente d'armes à Taiwan, la communauté d'affaires américaine en Chine a des raisons de s'inquiéter d'éventuelles retombées sur ses activités. Or, elle occupe une place de choix parmi les investisseurs étrangers en Chine, avec 200.000 entreprises présentes dans le pays et un stock d'investissement proche de 30 milliards de dollars.Depuis que le ministère des Affaires étrangères chinois a menacé, samedi, de boycotter les entreprises américaines impliquées dans la vente d'armes, la prudence est de mise. « Officiellement le climat est bon », affirme un membre de la chambre de commerce américaine à Pékin. « Mais officieusement, l'inquiétude gagne du terrain. »« la chine se sent plus forte » Taiwan reste un sujet très sensible pour les Chinois qui considèrent que l'île fait partie intégrante de leur territoire. Depuis deux jours, les commentaires publiés dans la presse chinoise et sur les blogs sont d'ailleurs particulièrement virulents. L'opinion publique, qui avait soutenu Google dans sa dispute avec Pékin, a changé de camp à l'occasion de cette nouvelle polémique sur Taiwan.Pour l'heure, personne dans la communauté d'affaires américaine ne croit à un boycott généralisé ou même à un mot d'ordre tacite pour freiner ses activités, comme cela avait été le cas pour la France après la rencontre de Nicolas Sarkozy avec le dalaï-lama en 2008. Les investisseurs pensent plus à un effet d'annonce symbolique, destiné à montrer que le rapport de force évolue. « La Chine se sent plus forte et le fait savoir. Mais l'interdépendance reste grande », explique Jean-Pierre Cabestan, professeur à l'université baptiste de Hong Kong. « Si la Chine va trop loin, elle sera perdante. Car les États-Unis peuvent prendre des sanctions commerciales. Et au niveau régional, les autres pays de l'Asean choisiront les États-Unis contre la Chine ». ?
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