Le duel Suez-Veolia pour l'eau d'Île-de-France inquiète les salariés

Les salariés de Veolia chargés de l'approvisionnement en eau potable de la région parisienne craignent de pâtir de la mise en concurrence sur ce contrat sans équivalent en Europe. Pour tenter de peser dans les négociations, la CGT de la branche francilienne de Veolia Eau a donc appelé à une grève illimitée à partir du 15 mars, qui ne devrait toutefois pas perturber la distribution dans la région.Détenu depuis près d'un siècle par Veolia, l'ex-Générale des Eaux, ce contrat gigantesque de délégation de service public, qui concerne l'alimentation en eau potable des 4 millions d'habitants de 144 communes de la région parisienne, fait actuellement l'objet d'un appel d'offres. Le Syndicat des eaux d'Île-de-France (Sedif) sélectionnera bientôt, qui, de Veolia ou de Suez Environnement, approvisionnera la région pendant les dix ou douze prochaines années. Exceptionnel par son chiffre d'affaires - 376 millions d'euros en 2008 - le contrat Sedif l'est aussi par sa rentabilité. Selon Veolia Environnement, le groupe en retire une marge locale d'exploitation de 40 millions d'euros par an.Mais la mise en concurrence de ce contrat devrait entraîner une substantielle baisse de coûts. Le Sedif lui-même estime à environ 40 millions d'euros le potentiel d'économies et souhaite « une rémunération du délégataire réellement intéressée, risquée et plafonnée ». Si ce contrat devait changer de mains, Suez Environnement serait, cas classique dans ce type de transfert, amené à reprendre les équipes de Veolia Eau qui en ont la charge. Mais, que Veolia ou Suez s'impose, les 1.000 salariés de Veolia Eau Banlieue de Paris craignent une détérioration de leurs conditions de travail. Ils ont actuellement un statut assimilé Ville de Paris et touchent chaque année une prime représentant environ 30 % de leurs salaires. « Nous avons notre histoire, nos accords avec Veolia, qui vont être mis à mal. Avec Suez, on risque de repartir de zéro. Nous n'avons aucun accord et nous n'avons encore eu aucun contact non plus, malgré notre demande de rendez-vous. Mais quel que soit le vainqueur, nos statuts seront modifiés », déplorent David Péclet et Sylvain Chiche, délégués syndicaux CGT Veolia Eau Banlieue de Paris.La grève que planifie le syndicat pourrait toucher l'approvisionnement en produits des trois usines de traitement d'eau franciliennes, les réparations des fuites ou les fermetures de branchements pour non-paiement. « La qualité de l'eau aura également du mal à être vérifiée », ajoutent les deux syndicalistes. Olivier Hensgen.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.