Tempête financière sur le football anglais

Un club de Premier League anglaise, le championnat de football le plus riche au monde, en faillite ? Aussi incroyable que cela puisse paraître, c'est le cas depuis ce vendredi. L'équipe de Portsmouth, bonne dernière du classement, a été placée sous administration judiciaire, concluant deux années particulièrement difficiles. Une équipe de football n'étant pas une entreprise ordinaire, le club de Portsmouth ne va pas disparaître et il pourra terminer la saison. La saga de Portsmouth est symbolique d'un système en crise, où les clubs sont forcés de dépenser des millions en salaires de joueurs, sans réussir à équilibrer les comptes. Depuis quatre ans, l'équipe a été ballottée entre quatre propriétaires, à commencer par le Franco-Israélien Sacha Gaydamak, qui a fait fortune dans la finance en Russie. En 2006, quand il prend le contrôle du groupe, il veut suivre les traces de Roman Abramovich, le milliardaire russe qui a acheté Chelsea et il investit dans des joueurs. Mais les résultats sur le terrain ne suivent pas. Or, les revenus d'un club de football dépendent de son succès sportif (hausse de la billetterie, des droits télévisés, des produits dérivés...). « Les clubs ambitieux empruntent pour acheter de nouveaux joueurs, espérant qu'ils rapporteront plus d'argent grâce à de bons résultats, expliquent Stefan Szymanski, professeur à Cass Business School. Cette logique peut marcher pour un club, mais pas pour tous en même temps. » Résultat, les clubs anglais croulent sous les dettes : une étude de l'UEFA estime leurs dettes à 3,8 milliards d'euros (prêts des propriétaires compris), soit 56 % de l'ensemble des clubs d'Europe.marché artificielDans cette logique, beaucoup de voix se sont élevés pour critiquer Roman Abramovich, qui a créé un marché artificiel en augmentant - de sa propre poche - les salaires, alors que son équipe ne lui a jamais rapporté un centime. Le salaire des joueurs de la Premier League a donc fait un bond de 23 % pendant la saison 2007-2008, selon un rapport de Deloitte. À eux seuls, les joueurs avalent près des deux tiers des revenus des clubs. Cela force les autres équipes à de difficiles opérations financières. Manchester United, pourtant vainqueur de la Premier League ces trois dernières saisons, croule sous 716 millions de livres (790 millions d'euros) de dettes. En janvier, il a dû émettre des obligations de 500 millions de livres, chèrement émises avec un coupon de plus de 8 %.Pourtant, Stefan Szymanski estime que ce système n'est pas nécessairement mauvais. « Les clubs anglais sont devenus très populaires en attirant les meilleurs joueurs et les supporteurs en sont contents. »Il avertit cependant qu'en cas de crise économique durable outre-Manche, et d'une baisse de la livre sterling rendant l'acquisition des joueurs étrangers plus difficile, le Premier League pourrait être forcé à réduire sa taille : « Michel Platini, qui souhaite que tous les championnats européens fassent à peu près la même taille, en serait très heureux. » n De jeunes supporteurs de Portsmouth ont manifesté mardi dernier pour défendre la pérennité du club. 716 millions de livres : c'est le montant de la dette de manchester united.
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