Une exception ? : l'emploi, toujours noir

Quand doit-on réellement parler de reprise ? Au moment où la production des biens et des services repart, comme c'est majoritairement le cas pour les économistes?? Ou au moment où l'activité est telle qu'elle se remet à créer des emplois ? La question est posée par deux experts d'un institut de recherche américain, l'Economic Policy Institute (EPI), à la veille de la publication des statistiques de l'emploi américain. Si certains analystes attendent la création, pour la première fois depuis le début de la crise, de pas moins de 184.000 postes sur mars, d'autres sont plus sceptiques. Les chiffres seront biaisés par quelque 100.000 recrutements temporaires, dans le cadre du recensement de la population. De plus, même si le marché de l'emploi tente une embellie, il est loin du beau fixe. La récession s'est achevée à la mi-2009 outre-Atlantique, mais le taux de chômage devrait continuer de progresser sur la seconde partie de cette année. C'est ce que les économistes appellent la «?jobless recovery?», la reprise sans emploi. Le phénomène est fréquent. Pis, depuis les années 1980, chaque récession a vu le temps de latence entre reprise et création d'emplois s'allonger. Ainsi, lors de la récession de 1990, le marché de l'emploi a mis 23 mois pour retrouver ses sommets d'avant crise, et 39 mois à l'occasion de celle de 2001. Gains de productivité en hausse et heures travaillées plus élastiques sont autant d'éléments expliquant ce «?retard à l'allumage?». Toujours est-il que, selon les spécialistes de l'EPI, le marché de l'emploi américain pourrait, au pire, ne retrouver son sommet de décembre 2007 qu'en... novembre 2014. Le taux de chômage se maintiendrait donc autour des 10?% en attendant le début de la décrue. irlande?: 10?% de chômageMême chose en Europe, d'ailleurs. Si, dans certains pays comme la France, l'emploi bénéficie d'amortisseurs, telle que la plus grande difficulté à licencier, qui limitent les dégâts, le taux de chômage de la zone euro, propulsé par des pays telles l'Irlande et l'Espagne, a atteint les 10?% sur février, un niveau inégalé depuis 1998. Seule lumière au bout du tunnel, l'Allemagne. Le nombre de chômeurs y a diminué de 31.000 en mars, le taux de chômage reculant dans la foulée de 8,1?% à 8?%. Un effet vertueux que l'on retrouve aussi dans les données concernant le moral des consommateurs : il ne se dégrade plus outre-Rhin. L. J. B.
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