Le yen retombe au plus bas depuis sept mois face au dollar

Ce premier jour du nouvel exercice fiscal japonais a été salué comme il se doit par le Nikkei, l'indice phare de la Bourse de Tokyo, qui a atteint son plus haut niveau depuis dix huit mois, à 11.244,40 points. Ce rebond boursier s'est accompagné de son traditionnel corollaire?: une rechute du yen. La monnaie de l'archipel est retombée jeudi à son plus faible niveau face au dollar depuis août 2009, refluant au plus bas dans les transactions jusqu'à 94,05. Vis-à-vis de l'euro, le yen s'est négocié hier à son plus bas cours depuis deux mois, à 126,95.Net regain d'optimisme La fin de l'année fiscale correspond la plupart du temps à l'interruption des rapatriements de capitaux nécessaires à l'habillage des bilans des entreprises japonaises, dont les flux font monter le yen en mars. Elle s'est doublée le 1er avril d'un fort courant vendeur de la part des investisseurs nippons, soucieux des pressions déflationnistes qui s'intensifient sur l'économie du pays du soleil levant, où les prix ont baissé de 1,5?% en glissement annuel en février. Le yen, redevenu la moins bien rémunérée des grandes monnaies, devrait rester assorti de taux voisins de zéro pendant une période encore plus prolongée - pour parodier le vocable de la Fed - que le dollar. La Banque du Japon est la seule des grandes banques centrales qui aient récemment renforcé ses mesures anticrise, alors que toutes ses homologues allègent progressivement leur dispositif. Le 17 mars, l'institut d'émission de Tokyo avait annoncé le doublement de ses apports de liquidités d'urgence aux banques, dans un nouvel effort de lutte contre la déflation. Parallèment, la Banque du Japon avait laissé entendre que son taux directeur, fixé à 0,1?% depuis décembre 2008, serait durablement maintenu à ce niveau. Son rapport trimestriel publié hier - le fameux Tankan - aurait pu infléchir son diagnostic, car il révèle un net regain d'optimisme des grandes entreprises manufacturières japonaises. Mais une ombre se glisse dans le tableau?: le redressement des perspectives d'investissement risque d'alourdir les capacités de production déjà excédentaires, ce qui, en l'absence de fort rebond des exportations, renforcera les pressions déflationnistes, explique Christian Parisot, économiste d'Aurel BGC. La faiblesse de la rémunération du yen en fait le véhicule optimal des stratégies de portage consistant à jouer sur les écarts de rendements. Si l'on ajoute la corrélation inverse entre l'évolution et celle de l'indice Nikkei, l'un des plus performants du monde en 2009, avec un gain de près de 37%, la monnaie nipponne risque de traverser une période de turbulences.
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