Les 3,8 millions d'Espagnols qui avaient encore accès à la télévision analogique passent aujourd'hui à l'heure de la télévision numérique terrestre, la TNT. Ils rejoignent les 43 millions de téléspectateurs qui pouvaient déjà choisir parmi vingt chaînes nationales gratuites, en plus de chaînes régionales et locales. Ils profiteront d'une qualité de son et d'image supérieure, de services tels que le choix des versions des films et d'activités interactives. L'extinction de la télé analogique qui intervient ce 2 avril est la dernière étape d'un basculement en trois phases initié en juin 2009. Le passage à la TNT a lieu deux ans avant la date limite imposée par l'Union Européenne, et plus d'un an et demi avant la France (l'Allemagne et la Finlande, entre autres, ont déjà basculé). Au final, 1,5% de la population espagnole n'aura pas accès à la TNT et devra faire appel à d'autres technologies, comme le câble.La couverture numérique progressive du territoire depuis 2005, l'échelonnement du passage à la TNT, les innombrables campagnes de communication et l'aide aux personnes vulnérables, comme les personnes âgées, ont permis aux Espagnols de se préparer à ce changement. « Personne ne croyait que nous arriverions au bout d'un projet si complexe. Maintenant que nous y sommes parvenus, nous sommes regardés de près par la France et l'Italie», observe José Antonio Quintela, directeur du Bureau National de Transition à la TNT (ONT).Le pari n'était pourtant pas gagné d'avance. Le pays avait enregistré un premier échec au début des années 2000 avec le lancement raté de la télévision numérique payante Quiero TV. « Cela a provoqué une baisse de la confiance du secteur », commente José Antonio Quintela. « Nous relancer dès 2005 dans l'aventure de la TNT était donc un pari risqué ». Quintela affirme qu'il a permis à l'industrie du secteur d'être pionnière en la matière. Selon le ministère espagnol de l'Industrie, « les entreprises espagnoles installent aujourd'hui les infrastructures de la TNT en Allemagne, France, Royaume Uni, etc. ».Dividende numériqueL'Etat espagnol a déboursé 280 millions d'euros entre la communication et l'extension du réseau. Les groupes audiovisuels ont quant à eux investi 800 millions d'euros pour s'adapter à la nouvelle donne.Désormais, l'Espagne va s'attaquer au chantier suivant: le dividende numérique. C'est l'attribution des fréquences désormais libérées par les chaînes analogiques. « Elles seront probablement utilisées pour des services mobiles », avance José Antonio Quintela. Mais le sujet n'est pas encore sur la table.Gaëlle Luc

latribune.fr

02 Avr 2010, 8:59

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