MUSIQUE

Budapest, il y a quelques semaines. Dans les coulisses du Théâtre Thalia, l'effervescence gagne les membres de l'Orchestre Symphonique des 100 Violons Tziganes avant de monter sur scène. Chemises blanches impeccables, gilets rouges brodés sur le dos. Les plus anciens aident un jeune à ajuster son noeud papillon, la clarinette joue l'air de « la Mer » de Charles Trenet pour les journalistes français, les violons se répondent, s'en donnent à coeur joie. De signe de trac point parmi ces messieurs qui commencent à se ranger les uns derrière les autres pour aller s'asseoir, un peu à l'étroit, sur la scène du Thalia. « Ils auront plus d'espace au Théâtre des Champs-Élysées », glisse Xavier Dubuc leur manager, et producteur fidèle depuis seize ans. Souvent sur les routes à travers le monde, les 100 Violons Tziganes ont entamé une tournée française qui s'achève ce week-end au Théâtre des Champs-Élysées. Une affaire de familles, puisqu'un petit nombre de dynasties se côtoient au sein de l'orchestre. C'est sur la tombe du roi des gitans, feu Sandor Jaroka, dans la banlieue de Budapest, que s'est formé l'ensemble il y a vingt-cinq ans. Dix mille personnes de la communauté venues du monde entier dire adieu à ce fabuleux interprète, violoniste hors pair. Parmi eux, 2.000 personnes avec leurs instruments ont improvisé une ode dans le cimetière qui a marqué les mémoires. À tel point qu'aujourd'hui, ils sont plus de 100 musiciens, dont une majorité de violonistes (70 environ) rangés aux côtés d'une dizaine de contrebasses, de violoncelles et de clarinettes à enchanter le public partout où ils passent, d'Athènes à Tokyo. Mélomanes zélés, leur répertoire contient plus de 1.500 références dont des airs populaires du folklore gitan, yiddish ou celui du pays visité. Mais ils excellent, sans partition, dans le répertoire classique : Strauss, Brahms, Wagner, Tchaïkovski. Leur virtuosité n'a d'égale que leur dextérité. Sous la direction de l'opulent monsieur Sandor Rigo Buffo, président de l'orchestre ou du non moins épais et rigolard Jozsef Lendvai Csosci, maître des violons, l'orchestre s'exécute comme un seul homme.À y regarder de près pourtant, le spectateur distingue autant d'attitudes qu'il y a de visages. à chaque morceau, l'un ou l'autre se lève pour prendre la direction de l'orchestre, à moins qu'il ne soit assis derrière son cymbalum, ce cordophone sur lequel on tape avec des baguettes. Distingué par son gilet bleu, le soliste se livre alors à des variations, bientôt suivi par l'orchestre tout entier. Puissant ensemble, tant à voir qu'à écouter, au service de l'émotion.Charles Faugero
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.