Désirs de jardins

D'où vous vient votre passion pour les jardins ?J'avais une grand-mère horticultrice. Et j'ai toujours été fascinée par la force de la nature. Le jardin, c'est la synthèse de nos existences, naissance, croissance et mort. Et dans les périodes de crise, la nature nous répare. Regardez l'engouement pour les potagers : il renvoie aux peurs de ne plus maîtriser notre alimentation. D'ailleurs, depuis trois ans, le nombre de visiteurs du Domaine et du Festival des jardins de Chaumont-sur-Loire ne cesse d'augmenter : + 40 % entre 2007 et 2008 et + 35 % entre 2008 et 2009 avec 356.000 visiteurs l'an dernier.« Corps et âmes » : c'est donc le thème retenu cette année...Au départ, je voulais même intituler le festival « jardins thérapeutes ». Les jardins sont, depuis des millénaires, les pourvoyeurs de plantes médicinales, la base des onguents mais aussi des condiments. C'est un lieu qui reconstruit et soigne l'esprit. « Toucher la terre » agit sur notre équilibre intérieur. En psychiatrie, des recherches ont montré cette vertu thérapeutique sur les schizophrènes, les autistes ou les malades d'Alzheimer. Ces derniers ne plantent jamais à l'envers. Quand on est au jardin, on cultive la terre nourricière. Il y a désormais de nombreuses manifestations autour des jardins. Quelles sont les spécificités de Chaumont ?Créé en 1992, le festival a toujours présenté des jardins éphémères. Les gens viennent chercher ici l'inventivité, la créativité, l'originalité, la réflexion sur les formes, les matériaux, les végétaux. Chaque année, nous présentons 30 nouveaux jardins dont 20 sont sélectionnés sur concours lancé en juillet. Trois cents candidats du monde entier y participent. À chaque fois, le jury est présidé par une personnalité liée au thème mais non spécialiste des jardins. L'an passé, sur la couleur, c'était Michel Pastoureau. Cette année, c'est le neurobiologiste Jean-Pierre Changeux. Depuis deux ans, vous avez lancé une manifestation d'art contemporain, dont la troisième édition ouvre ce week-end.Quand Chaumont est devenu, en 2007, un établissement public, par la volonté de la région, l'accent a été mis sur l'art contemporain. Liée à la nature, cette manifestation témoigne de l'extrême intérêt des artistes pour y exprimer leur art. C'est une façon pour nous de faire se rencontrer plusieurs disciplines, comme la photographie avec le grand « paysagiste » français Thibaut Cuisset, la sculpture avec Côme Mosta-Heirt. Mais il y a aussi des plasticiens comme Anne et Patrick Poirier. Ces 18 installations font écho au questionnement du grand public sur la place de la nature dans nos vies. C'est un moyen de renouer avec elle par le regard. L'an passé, François Méchain avait créé un arbre avec 200 couteaux qui exprimait à la fois les souffrances imposées par l'homme à la nature et sa possible vengeance. L'oeuvre a touché tous les publics. Idem pour son arbre conçu avec 13 échelles de métal en référence au « Baron perch頻 d'Italo Calvino, installé encore cette année dans le parc du château. Je choisis des oeuvres susceptibles d'émouvoir aussi bien les experts que les profanes. Je ne cherche pas à créer des électrochocs. C'est la poésie qui m'intéresse.  « Art contemporain » du 3 avril au 3 novembre.Festival international des jardins du 29 avril au 17 octobre. Chaumont-sur-Loire, www.domaine-chaumont.fr.Visites nocturnes de 22 heures à minuit les samedis du 15 au 30 juin et du 1er au 15 septembre et tous les soirs en juillet et août.
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