L'Inde veut ressusciter «l'esprit animal» de son économie

«Nous devons relancer l\'histoire de la croissance indienne et retrouver l\'esprit animal de l\'économie du pays.» Ces mots surprenants ont été prononcés par le Premier ministre indien Manmohan Singh, à l\'occasion de son discours mercredi soir devant les cadres du ministère des Finances.Inattendue, la référence aux «esprits animaux» provient d\'une théorie de l\'économiste britannique John Maynard Keynes, elle même remise au goût du jour par l\'économiste américain Robert Shiller, professeur à l\'université de Yale. Le fondateur de la macroéconomie avait ainsi démontré le lien de causalité entre les émotions humaines et le comportement des acteurs économiques, qu\'ils soient investisseurs ou consommateurs. Autrement dit, l\'optimisme et la confiance seraient des facteurs non négligeables de réussite économique.Pour l\'Inde, l\'allusion à Keynes prend tout son sens. La troisième économie d\'Asie a vu sa croissance reculer à 5,3% au dernier trimestre selon les chiffres du gouvernement indien, soit le plus bas taux depuis neuf ans.Fermeture des frontièresDes mauvais chiffres auxquels s\'ajoute un climat délétère : le ministre des Finances, Pranab Mukherjee, a démissionné de son poste mardi pour concourir à l\'élection présidentielle, tout en laissant derrière lui un bilan ministériel qui fait l\'objet de vives critiques.Outre le recul de la croissance, l\'homme est accusé d\'avoir fait avorté systématiquement les réformes libérales, notamment celle de l\'ouverture à la concurrence étrangère du commerce de détail en décembre dernier. En parallèle, il instaure une taxation rétroactive pour les investisseurs étrangers.En voulant trop protéger les entreprises locales et en fermant son marché à l\'international, l\'Inde accuse un déficit record de sa balance commerciale, de l\'ordre de 9% du PIB en 2012, selon les prévisions du Fonds monétaire international (FMI). A cela s\'ajoute une chute historique de la valeur de la monnaie indienne, atteignant un ratio de 55 roupies pour 1 dollar en mars dernier.Un rapport pour vanter l\'attractivité de l\'économie indiennePour remédier aux effets néfastes de cette politique économique, le ministère des Finances s\'est vu dans l\'obligation début juin d\'élaborer et publier un rapport attractif à destination des investisseurs étrangers. Dithyrambique, le texte vante les vertus de l\'économie indienne en s\'appuyant sur des études Nielsen qui portent sur la confiance des consommateurs indiens et étrangers. L\'Inde est bien noté avec un indice d\'environ 128 contre 98 pour la moyenne mondiale.Le Premier ministre Manhoman Singh, qui va cumuler la fonction de ministre des Finances par intérim, va donc devoir relever un défi difficile : concilier la protection nationale à l\'ouverture étrangère. Avec pour objectif de susciter «l\'esprit animal» des investisseurs internationaux pour l\'économie indienne.
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