Les « méthodes staliniennes » de José Manuel Barroso

La page Web consacrée aux commissaires européens a ainsi fait les frais de ce perfectionnisme. C\'est une des rares à être assez largement consultée (quelques dizaines de milliers de visites par mois). D\'où l\'idée de l\'utiliser pour y faire passer quelques messages politiques. Un sain réflexe de la communication maison. Les choses se gâtent vite toutefois quand le cabinet de José Manuel Barroso s\'en mêle. Tant qu\'à remettre cette vitrine à plat, il faut en profiter pour souligner la « collégialité » de l\'institution en remplaçant le simple trombinoscope des 27 commissaires par une photo, explique l\'entourage de Barroso.Seul hic : il n\'y a pas de photo à jour. Sur le seul cliché disponible apparaît le Maltais John Dalli... alors qu\'il a démissionné il y a plusieurs mois, à la suite d\'une affaire de possible corruption par l\'industrie du tabac. Heureusement, se disent les exécutants, il y a Photoshop. En quelques clics, la trombine de Dalli est remplacée par celle de son successeur, Toni Borg.Scandale au 13e étage de la Commission. « Ce sont des méthodes staliniennes ! » Sans parler du « respect pour le travail du photographe ». Les responsables de cette malheureuse initiative en restent interdits. D\'autant que le service du porte-parole n\'hésite pas à sortir les ciseaux du tiroir : depuis 2010, l\'élimination systématique d\'Herman Van Rompuy de toutes les vidéos et autres photos mises en ligne sur le site de la Commission est devenu le sport favori de la « DG Communication ».Le président du Conseil européen est en effet le grand rival de José Manuel Barroso pour le titre de « visage de l\'Union européenne ». Ce malheureux incident n\'a toujours pas trouvé d\'issue. Moyennant quoi, à l\'heure où était rédigé cet article, il n\'y avait plus aucune photo sur la page des commissaires européens...MAIS L\'IMPORTANT, C\'EST LE MESSAGE, dira-t-on. Justement, la vice-présidente a lancé un « grand débat » sur l\'avenir de l\'UE. On est rassuré. Il importe de préciser que Viviane Reding espère devenir la première présidente de l\'histoire de l\'institution, tandis que le président Barroso n\'a pas, de son côté, renoncé à se succéder à lui-même. Le site est plein d\'idées originales telles que « imaginons que le Royaume-Uni entre dans la zone euro » (https://ec.europa.eu/debate-future-europe/index_en.htm). On n\'y avait pas pensé. Surtout après la lecture du discours de David Cameron à La Haye en janvier, où il annonçait que son pays ne ferait « jamais » de l\'euro sa monnaie.À l\'origine, la page aurait dû être dans les tons bleus, la couleur du drapeau européen. Mais la maquette a été censurée par le cabinet de la vice-présidente qui a jugé que « le bleu n\'est pas une couleur de débat ». Qu\'est-ce alors qu\'une « couleur de débat » ? « L\'orange », bien sûr. Fichtre ! On n\'y avait pas pensé non plus. Que ferait-on sans l\'expertise des hautes autorités ?La technique, hélas, est parfois ironique. Le 20 juin à 9 heures, alors que j\'entreprenais de m\'imprégner de cette puissante symbolique, la page Web était hors-service et indiquait : « Bad Gateway », autrement dit « mauvaise passerelle ». Est-ce à dire qu\'il sera difficile de relier le présent au « futur de l\'Union » ?Quant à la page https://www.debatingeurope.eu/, elle avait carrément été « hackée ». On y voyait un homme qui croise les doigts dans son dos. Cela change du signe des ciseaux qui coupent la tête de Van Rompuy. Heureusement, le site est très peu fréquenté. 
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