La gauche cible désormais Sarkozy derrière Woerth

L'affaire Woerth-Bettencourt est en train de changer de nature, l'opposition concentrant désormais ses attaques sur les liens entre Nicolas Sarkozy et les milieux financiers, à moins de deux ans de l'élection présidentielle.« J'ai frappé là où ça fait mal. » Ségolène Royal est tout sourire jeudi matin dans les studios de BFM-TV. En dénonçant mardi sur TF1 le « système Sarkozy corrompu », la présidente de Poitou-Charentes a suscité un tollé parmi les responsables de l'UMP. Mais si la majorité espérait, par la virulence de sa contre-attaque, contraindre la direction du Parti socialiste à se désolidariser de l'ex-candidate à la présidentielle de 2007, c'est raté. « Ce qu'a dit Ségolène Royal, c'est ce que pensent beaucoup de Français : depuis le Fouquet's, tout le monde se rend compte qu'il y a une forme de rapprochement de ceux qui sont actuellement au pouvoir avec le monde de l'argent », a déclaré la première secrétaire du PS, Martine Aubry, au quotidien « Metro ». Et l'ancien Premier ministre, Lionel Jospin, qui est loin d'être un admirateur de Ségolène Royal, a fustigé les relations « presque incestueuses » entre la majorité et le monde des affaires. Martine Aubry a même enfoncé le clou dans une interview à « Paris-Match » en dénonçant « l'arrogance » avec laquelle Eric Woerth traite chaque nouvelle révélation dans le dossier Bettencourt. « Cette affaire met en lumière la dérive d'un système : dans quelle autre démocratie accepterait-on qu'un ministre du Budget soit aussi le trésorier du parti majoritaire ? Que l'épouse du ministre du Budget exerce des responsabilités dans la gestion de la première fortune de France ? » demande la patronne du PS en appelant les élites à « retrouver le sens de la chose publique », car « leur désinvolture choque les Français ».Soumises à ce tir nourri, la majorité tente d'organiser des contre-feux en rappelant les affaires de corruption mises au jour pendant les deux septennats de François Mitterrand ou en s'en prenant à l'homme d'affaires de gauche Pierre Bergé. Ne rien céderSur le fond, Nicolas Sarkozy n'entend rien céder. Il refuse de se séparer d'Eric Woerth, pourtant fragilisé à l'extrême en pleine réforme des retraites. Le secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant, réaffirme ainsi au « Figaro Magazine » que la question de la démission d'Eric Woerth n'a été posée « à aucun moment ». Le chef de l'Etat diffère sa réponse politique à l'automne, lorsqu'il annoncera une « réorganisation » du gouvernement. Mais Nicolas Sarkozy a pu se rendre compte jeudi des dégâts causés dans l'opinion par les affaires impliquant plusieurs membres du gouvernement. En déplacement dans l'Aveyron, le chef de l'Etat a été interpellé sur un marché par un chocolatier qui lui a fait remarquer que « les chocolats, c'est moins cher que les cigares ». Allusion aux 12.000 euros de cigares de Christian Blanc, secrétaire d'Etat en sursis.
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