Les mystères colorés d'Ernst Haas

Il a été le précurseur de la photographie en couleurs, bien avant Stephen Shore ou William Eggleston. Pourtant, Ernst Haas (1921-1986) est resté dans les mémoires comme le maître de la photo commerciale et de l'illustration. Jusqu'à ce que William Ewing, l'ancien directeur du musée de l'Élysée à Lausanne, se décide à aller fouiller dans ses archives. Et y déniche un ensemble de travaux personnels pour la plupart inédits, capables de contredire la réputation du photographe.Rien ne laissait penser qu'Ernst Haas serait un jour taxé de faire des photos trop léchées. Né en Autriche, ce fils de haut fonctionnaire se destinait à la médecine. Avant que les lois antisémites de l'Anschluss ne le lui interdisent. Il se tourne alors vers la photo. Très vite, le médium devient une passion. Au point même d'échanger 10 kg de margarine (une fortune) contre son premier appareil au marché noir en 1946. Trois ans plus tard, il publie un reportage en noir et blanc sur le retour des prisonniers autrichiens dans le journal « Heute », repris ensuite par Life qui n'hésite pas à lui proposer un poste. Haas pourtant décline l'offre, préférant entrer à l'agence Magnum où on lui garantit une totale indépendance. Cette même année 1949, il s'essaye à ses premières photos en couleurs. Mais le photojournalisme finit par l'ennuyer. Alors, pour vivre, il parcourt la planète et rapporte, parmi les premiers, de quoi illustrer de beaux reportages en couleurs. En parallèle à cela, il réalise aussi un travail personnel. Ce sont ces photos que William Ewing présente en Arles. Affiches en couleurs lacérées, vues urbaines de New York aux accents abstraits. Il y a aussi cette nageuse dégoulinante, toute à elle-même. Regardez-les bien surtout. « Ces images sont souvent difficiles à lire. Comme s'il nous était impossible d'en percer le mystère, souligne le commissaire de l'exposition. Beaucoup de gens ont travaillé sur les affiches lacérées, mais peu avec cette sophistication, et une telle connexion avec l'abstraction. Et l'on se rend compte au final que toute l'histoire de la photographie en couleurs est à réécrire. » Yasmine Youssi
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