« Augmenter la TVA serait négatif pour l'activité »

George Papaconstantinou, ministre grec des financesLe rapport semestriel des experts de la Commission européenne et du FMI vous est favorable, il souligne toutefois la faiblesse de vos recettes ?Les réformes qui réussissent en matière fiscale sont plutôt fondées sur les dépenses que sur les recettes. C'est grâce à un contrôle des dépenses que l'on établit les bases d'un environnement économique sain. Les recettes dépendent de l'activité économique. Or nous sommes en récession, le PIB devrait se contracter de 4 % cette année. Mais nous pensons que nous ferons mieux. Il nous manque 800 millions d'euros de recettes pour atteindre notre objectif de réduction du déficit public à 8,1 % du PIB en 2010. Nous pensons les encaisser d'ici à la fin de l'année.Comment ?Il y a les recettes qui vont être générées par la hausse de la TVA à deux chiffres appliquée depuis juillet, l'impôt sur les grandes fortunes et la nouvelle taxe foncière sur 2009 qui n'a toujours pas été perçue. Le montant devrait s'élever entre 700 et 800 millions euros. De nouvelles mesures de réduction des dépenses sont-elles à l'étude ?Non, il n'y aura pas de nouvelles mesures. Uniquement celles qui sont déjà prévues dans le plan économique pour 2010 et 2011. Il peut évidemment y avoir une modification de ces mesures. Par exemple, il était prévu d'augmenter la TVA sur certains produits de consommation de 11 % à 23 %. Mais dans le climat économique actuel, cela aurait un impact très négatif sur l'activité. Nous étudions donc d'autres pistes pour trouver les recettes équivalentes, soit 1 milliard d'euros. Elles seront annoncées en octobre à l'occasion de la présentation du budget.Comment luttez-vous contre la fraude fiscale ? Avez-vous le personnel qualifié ?Nous procédons à une réforme profonde de la structure de l'administration fiscale. Mais il faudra au moins un an et demi avant d'avoir les premiers résultats. En attendant, on a constitué cinq « task forces » chargées de cibler les entreprises les plus importantes et les contribuables qui ont un train de vie élevé afin de récupérer des impayés. Et nous appliquons la nouvelle loi fiscale que nous avons adoptée. Au cours des six premiers mois, nous avons récupéré plus de 1 milliard d'euros d'impayés, et avons infligé pour 1,5 milliard d'euros d'amendes. Pour les investissements, vous vous êtes tournés vers les Chinois ou les Libyens. N'y-a-t-il pas un risque pour la souveraineté du pays  ?L'investissement que réalisent les investisseurs chinois dans le port du Pirée est très important pour son développement en tant que port d'entrée vers l'Europe. Nous le soutenons sans réti- cence. Nous avons clairement dit que nous garderions un contrôle public sur une part de nos infrastructures. Mais nous n'avons aucun dogme sur le pourcentage de ce contrôle. Les Grecs pourraient d'ailleurs bénéficier de davantage d'investissements étrangers.Que pensez-vous du projet franco-allemand remettant en cause la souveraineté d'un État dans la zone euro en cas de faillite ? D'abord, nous pensons que le cas d'une faillite d'un État dans la zone euro ne se pose pas. Ensuite, l'idée même qu'un État pourrait faire faillite est une idée qui ne mène nulle part. Il faut en effet prendre des mesures pour prévenir une telle situation, et c'est l'unique moyen. Sinon on laisse la porte ouverte à tous les spéculateurs pour qu'ils favorisent une telle faillite. C'est d'ailleurs ce qui a failli arriver à la Grèce.Propos recueillis par Angélique Kourounis, à Athène
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