« La géomatique va révolutionner le XXIe siècle »

Pourquoi avoir créé un Festival international de géographie ?C'était effectivement une idée saugrenue de lancer un festival dans une ville moyenne pour promouvoir une science humaine mal aimée et délaissée ! Le pari me semble aujourd'hui gagné et le Festival a contribué à raviver l'intérêt de la géographie auprès de l'opinion et, au fil des années, il a également permis aux géographes de clarifier leurs discours et de renouveler leur recherche. Le Festival a toujours abordé la géographie par des thématiques d'actualité ou les grands débats d'aujourd'hui : les mégalopoles, les réseaux d'information, l'innovation, l'environnement et aujourd'hui les océans. N'est-ce pas d'actualité quand on voit l'assèchement de la mer d'Aral ou l'exploitation en offshore profond en Angola ?La géographie sort-elle donc de l'ombre ?La géographie est beaucoup plus présente aujourd'hui qu'elle ne l'était il y a vingt ans. La cartographie, par exemple, est devenue un élément essentiel de l'information du citoyen, en particulier dans les médias. Mais il est vrai que la géographie revient de loin : elle était à la remorque de l'histoire. Les choses ont bien changé et cette science humaine revient au premier plan de la culture de l'honnête homme du XXIe siècle et constitue un point essentiel de la prise de décision pour les entrepreneurs ou les hommes politiques. La géographie appliquée est indispensable à l'urbaniste, à l'industriel, au spécialiste du rural comme à celui des transports, etc.Existe-t-il toujours cette rivalité entre l'histoire et la géographie ?Les sciences humaines sont confrontées à une grande contradiction scientifique : nous accordons énormément d'importance à l'histoire, pour expliquer, voire justifier, l'action d'aujourd'hui et de demain. Parallèlement, l'extension de l'activité humaine dans l'espace ? la géographie ? prend une importance démesurée. Tous les grands défis de la société moderne concernent des points nodaux de l'activité humaine, l'énergie, les réseaux de transport, les ressources minérales, les fleuves, les frontières. Même dans les conflits militaires que l'on redoute, la notion de distance demeure un élément clé. Finalement, dans cette « société de l'immédiat et de l'instant », informatisée, qui semble abolir l'espace et le temps, la géographie reste au premier plan de nos préoccupations.Comment voyez-vous évoluer la géographie ces vingt prochaines années ?Nous avons assisté ces dernières années à un essor considérable de la géographie appliquée, une discipline marginale il y a vingt ans. La répartition et la structuration des activités humaines dans l'espace, l'urbanisme, l'hydrographie sont autant de domaines où la géographie appliquée apporte des contributions décisives. Il reste également des territoires à explorer et des frontières à déterminer. Mais une évolution des préoccupations nous attend. Tout d'abord, l'environnement et les conséquences des modifications climatiques, en particulier sur les littoraux ; et ensuite, l'impact des nouvelles technologies de l'information sur la géographie. La « géomatique » est une révolution qui va bouleverser notre perception de cette science et ses domaines d'application, notamment dans la cartographie. La géographie est et restera bien ancrée dans le XXIe siècle : plus technologique et plus internationale.Propos recueillis par Éric Benhamou
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