Inflation, dépression : dans les pays du printemps arabe, il y a urgence !

 Les pays du Printemps arabes qui ont entamé leurs transitions avec l\'organisation des premières élections démocratiques, notamment l\'Egypte, la Tunisie et la Lybie, sont en pleines zone de turbulences.En Egypte, l\'armée a repris le devant de la scène en démettant le Président Morsi après une importante vague de mobilisation de la part du mouvement Tamarrod quelques mois seulement après les élections. La Lybie connaît d\'importantes tensions politiques avec des démissions de ministres et une présence plus forte des milices armées dans l\'espace public. En Tunisie, l\'assassinat de Mohamed Brahmi a été à l\'origine d\'une forte mobilisation de la part de l\'opposition qui a demandé la démission du gouvernement en place. Par ailleurs, les députés de l\'opposition se sont retirés de l\'Assemblée nationale constituante ce qui ne fera que renforcer les difficultés institutionnelles dans cette transition.Des révolutions arabes qui ont remis en cause l\'appareil productifLes premières phases dans les révolutions arabes se sont terminées avec l\'organisation des premières élections démocratiques qui ont emmené de nouvelles majorités politiques dont l\'objectif était de mettre en place les textes fondamentaux des nouvelles républiques qui devaient rompre avec l\'autoritarisme des régimes post-coloniaux. Les nouvelles assemblées élues devaient également mettre en place les institutions capables de gérer la transition politique notamment la commission électorale ainsi que les instances de régulation de la justice et de la presse.Les nouveaux pouvoirs devaient aussi remettre l\'économie sur la voie de la croissance afin de relancer l\'emploi et de répondre aux attentes des populations. Il s\'agissait de rattraper le temps perdu durant les premiers mois des révolutions avec la multiplication des mobilisations sociales, des grèves et des sit-in qui ont remis en cause le fonctionnement de l\'appareil productif particulièrement dans les secteurs stratégiques comme les phosphates en Tunisie.Un raffermissement fragileUne seconde phase pleine de promesses s\'ouvrait devant les printemps arabes à partir de 2012. Un espoir qui a trouvé sa traduction dans le domaine économique avec un raffermissement de la croissance et de l\'emploi. Les espoirs étaient permis au niveau économique même si les grands déséquilibres poursuivaient leur détérioration et les notes souveraines des différents pays plongeaient montrant la grande frilosité des agences de notations et des investisseurs internationaux devant des difficultés de court terme qui annonçaient une amélioration du climat des affaires et une meilleure gouvernance économique à moyen et long terme.     Mais, ce raffermissement de la conjoncture économique allait s\'avérer fragile en Tunisie comme le souligne le dernier communiqué du Conseil d\'administration de la Banque centrale qui indique une atonie du rythme de l\'activité économique durant les six premiers mois de l\'année 2013. Cet affaiblissement de la croissance rend aléatoire la réalisation des objectifs fixés dans le budget économique. Cette atonie de la croissance s\'est accompagnée par une poursuite de la détérioration de la situation macroéconomique.Entre déficit commercial, inflation et dépressionAinsi, on a assisté à un creusement du déficit commercial qui a pesé sur le déficit de la balance dont le déficit, même s\'il est en retrait par rapport à la même période pour l\'année passée, reste élevé et se monte à 4,2% du PIB. L\'amélioration du niveau de réserves est le résultat dans ce contexte d\'une mobilisation des ressources extérieures en dépit du repli des investissements directs extérieurs et de la balance des emprunts.En même temps, l\'inflation continue son rythme de progression et se situe à 6,4% en glissement annuel selon les chiffres de la Banque centrale pour le mois de Juin 2013. La situation économique n\'est pas meilleure dans les deux autres pays en cours de transition. La dépression bat son plein en Egypte et en Lybie.Une crise économique nourrie d\'instabilité politiqueComment expliquer ce retour à la case départ et cette nouvelle détérioration de la situation économique ? A ce niveau, deux éléments essentiels sont au cœur de la crise économique. Le premier est d\'ordre politique et concerne les nuages qui assombrissent depuis quelques mois le ciel de la transition politique avec une multiplication des divergences et l\'absence de consensus entre les différentes forces politiques et la division de plus en plus marquée entre les majorités au pouvoir et les oppositions dans les pays en transition.L\'instabilité politique a renforcé l\'incertitude notamment sur le calendrier des transitions dans les différents pays. Le second facteur est lié à l\'insécurité croissante et à l\'avènement de la violence et du terrorisme dans les différents pays et à des degrés divers. Les transitions politiques ne sont pas de longs fleuves tranquillesL\'incertitude politique, l\'insécurité croissante et le terrorisme rampant pèsent sur cette seconde phase de transition politique. Ces difficultés sont à l\'origine des appels incessants pour une urgence politique et une forte mobilisation contre le terrorisme et l\'insécurité. Mais, l\'urgence n\'est pas seulement politique elle doit l\'être également dans le domaine économique ou les efforts doivent favoriser une reprise de l\'investissement et de la croissance.Les expériences d\'autres pays ont montré que les transitions politiques ne sont pas de longs fleuves tranquilles. Au contraire, il s\'agit de processus complexe et non linéaire avec des hauts et des bas. Aujourd\'hui, nous sommes clairement dans le creux de la vague et l\'urgence est à trois niveaux : politique, pour reconstruire le consensus nécessaire à la transition ; sécuritaire, pour empêcher le terrorisme de s\'installer dans nos contrées ; et économique, pour relancer la croissance et redonner confiance à la jeunesse qui a porté la révolution.      
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