C'est une petite ville tranquille nichée au bord de l'océan dans les paysages somptueux de la Nouvelle-Angleterre. Pourtant, derrière les façades, les esprits s'échauffent, les drames couvent et les passions naissent. Dans « Olive Kitteridge », la romancière américaine Elizabeth Strout observe avec délectation les grands et petits drames des habitants de Crosby, État du Maine. Treize petites histoiresIci, tout le monde connaît la famille Kitteridge. Le mari, Henry, pharmacien dans le centre-ville. Et sa femme, Olive, professeur de mathématiques. Ce personnage ne prête pas à la sympathie. Egoïste, colérique et médisante, Olive Kitteridge est crainte et redoutée par tous, ses voisins comme ses anciens élèves. Son fils Christopher fuit un amour maternel étouffant. Son mari rêve de s'évader avec sa jeune assistante à la pharmacie. C'est pourtant ce personnage étonnant qui servira de fil conducteur à ce roman très attachant, récompensé en 2009 du prestigieux prix Pulitzer.« Olive Kitteridge » est composé de treize petites histoires indépendantes qui, au final, ne forment qu'un seul et même roman. Ces treize nouvelles sont autant de fragments de vie qui se déroulent sur plusieurs dizaines d'années. L'originalité de la composition imaginée par Elizabeth Strout est de dévoiler par petites touches la vie et les sentiments d'Olive. Car, au fil des histoires que l'auteur tisse avec virtuosité, un personnage bien plus complexe va se dévoiler. Dans une scène magnifique, Olive se reposant dans une chambre durant la fête donnée pour le mariage de son fils, surprend les confidences dérangeantes de sa belle-fille à ses amis. Elle encaisse cette « petite secousse » de la vie avec résignation. Olive Kitteridge est à la fois témoin et actrice des drames de cette micro-société. La maladie, la souffrance et la mort rôdent sur ces pages et les personnages qui les peuplent. La romancière américaine signe un livre percutant porté par une héroïne profondément humaine.

latribune.fr

01 Nov 2010, 23:23

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