Faire durer la croissance du Brésil, le défi de la présidente Rousseff

Pour Dilma Rousseff, la fête risque d'être de courte durée. Après sa victoire de dimanche (56 % des votes contre 44 % à son adversaire du centre droit) celle qui succédera à son mentor, le président Lula, le 1er janvier 2011, hérite certes d'un pays en pleine croissance (7,5 % prévus cette année), au chômage au plus bas (6,2 %), et dont les réserves de devises dépassent 280 milliards de dollars. Mais les bombes à désamorcer sont nombreuses, à commencer par la question de la valorisation de la monnaie brésilienne, le real, qui a gagné plus de 110 % par rapport au dollar depuis 2002. Résultat du flux continu de devises vers le pays, cette valorisation est aussi le résultat de l'attraction du marché des capitaux brésiliens dont le taux d'intérêt, autour de 6 % en termes réels, est un des plus élevés du monde. L'indice de la Bourse de Sao Paulo, le Bovespa, a explosé de 523 % durant les années Lula. En septembre, la compagnie nationale d'hydrocarbures, Petrobras, a même effectué la plus importante levée de fonds de l'histoire. Sonnette d'alarmeMais la hausse du real a des effets dévastateurs sur la balance commerciale brésilienne : les exportations devraient croître de 25 % cette année, mais les importations, dopées par la croissance et le taux de change, de 45 %. Le solde est toujours excédentaire, mais il ne tient plus qu'aux exportations de matières premières, agricoles et minérales. Les économistes tirent la sonnette d'alarme : si on ne fait rien, le Brésil risque d'entamer un processus de désindustrialisation dangereux pour l'emploi. Pour y faire face, Dilma Rousseff peut continuer de limiter les entrées de capitaux spéculatifs à court terme, soit à travers des taxes - un mouvement déjà initié par le ministre des Finances Guido Mantega - soit en exigeant un temps minimum dans le pays, comme l'a déjà fait le Chili. Elle peut aussi baisser les taux d'intérêt, pour rendre les placements moins attractifs, mais elle risque la levée de boucliers du secteur financier, voire une relance de l'inflation. Autre option : déclencher un plan d'austérité, réduisant la demande et permettant de baisser les taux. Dans son premier discours dimanche soir, elle a écarté cette mesure, impopulaire. Parallèlement, Dilma devra augmenter le taux d'investissement, aujourd'hui autour de 18,5 % du PIB. Les économistes estiment qu'un taux d'au moins 22 % serait nécessaire pour maintenir la longue phase de croissance brésilienne, sans risque de saturer ses capacités de production.
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