La transition énergétique, un enjeu de réussite économique et sociale pour la France

La priorité de la politique énergétique de la France doit être la réduction de la dépendance aux hydrocarbures et la lutte contre le réchauffement climatique. A cet égard, nous partageons entièrement avec le Gouvernement l'idée que l'efficacité énergétique doit nécessairement s'appuyer sur un programme ambitieux de rénovation thermique des bâtiments. Mais comment réhabiliter des quartiers entiers ? Quelle distribution d'énergie choisir pour la ville de demain ? Avec quelles technologies ? Les sociétés d'ingénierie ont un rôle clé à jouer sur ce marché : seule leur indépendance vis à vis d'une seule logique produit ou technologie permettra de mieux accompagner notamment les collectivités territoriales qui souhaiteront repenser globalement leurs programmes de sobriété et d'efficacité énergétique.Au-delà du secteur du bâtiment, il est nécessaire de parvenir à une consommation nettement moins élevée d'hydrocarbures pour l'alimentation des véhicules. L'objectif fixé par le gouvernement est simple : concevoir des moteurs qui ne consomment que deux litres aux cent kilomètres. Depuis de nombreuses années, les constructeurs automobiles planchent sur la question, notamment avec Assystem. Les progrès réalisés sont importants et les efforts en R&D vont continuer. Cela ne saurait néanmoins se faire sans un travail parallèle sur le véhicule électrique : autonomie des batteries, gestion et distribution intelligente de l'électricité produite par ces mêmes batteries, infrastructures pouvant accueillir les véhicules électriques...Qui dit rééquilibrage du mix énergétique dit évidemment énergies renouvelables, électriques comme thermiques. Celles-ci doivent être tout autant soutenues. Le développement des énergies renouvelables fait en effet face à des difficultés significatives, qu'il s'agisse de leur compétitivité, de leur intégration dans les réseaux notamment électriques, ou de la délocalisation en Asie d'une partie des usines de fabrication. Assystem est particulièrement sensible aux décisions prises en faveur du développement de l'éolien offshore. Ces décisions vont créer des emplois et permettre à la France, en développant son expertise, de devenir un acteur international de poids en matière d'énergies renouvelables.Si la fermeture anticipée du site de Fessenheim et l'objectif de réduction de la part du nucléaire dans le mix énergétique ont été les deux annonces majeures sur le nucléaire, elles ne doivent néanmoins pas occulter un débat clé pour l'avenir de la France : quel avenir souhaitons-nous donner à l'industrie nucléaire française ? S'il est tout à fait possible de concilier réduction de la part de la filière dans notre pays et contribution à hauteur de 50% dans notre production d'électricité, ceci ne peut se faire que dans une vision de long terme pour le nucléaire dans notre pays. Si l'objectif est en effet de démanteler toutes les centrales lorsque les réacteurs arrivent à 40 ans, cela conduira à une part de moins de 15 % du nucléaire dans le mix énergétique dès 2030. Ce qui implique nécessairement des décisions rapides sur le rythme de construction de nouveaux réacteurs EPR pour que le nucléaire contribue à 50% à la satisfaction des besoins électriques de notre pays. Si l'objectif n'est pas que toutes les centrales s'arrêtent à 40 ans, il est nécessaire que ceci soit explicitement et rapidement affiché par le Gouvernement et que les critères permettant d'identifier les réacteurs capables d'aller au-delà de 40 ans soient définis.Et l'enjeu est encore plus grand pour la filière de traitement-recyclage. Car la fermeture à 40 ans de nos réacteurs les plus anciens conduirait à l'arrêt des usines de La Hague et Mélox, qui ne fonctionnent que si des réacteurs capables de consommer les combustibles MOX issus du recyclage sont en activité. Or ce débouché ne peut être offert en quantité significative que par nos réacteurs 900 MW, les plus anciens. Les autres réacteurs dont nous disposons aujourd'hui ne sont pas aptes à consommer des matières recyclées. Dès lors, en fonction de l'arrêt des réacteurs 900 MW, le compte à rebours est implacable. Partons d'un arrêt d'ici 2025 de la quasi-totalité des réacteurs consommant du MOX. Comme le dernier combustible MOX est chargé en réacteur de l'ordre de 5 ans avant l'arrêt définitif, la dernière fabrication de MOX à Mélox interviendrait à l'horizon 2020 et les dernières opérations de La Hague, quelques années avant. Ce qui aurait un grave impact sur les activités des deux usines et les emplois associés. Est-il besoin de rappeler que ceci est contraire aux engagements du candidat François Hollande, qui viennent d'être confirmés par le Conseil de Politique Nucléaire ? Il est donc essentiel que le Gouvernement affiche comme stratégie, sous réserve de l'avis de l'Autorité de Sûreté Nucléaire, le fonctionnement au-delà de 40 ans de nos réacteurs, y compris les plus anciens d'entre eux.Autre enjeu clé du moment, l'exploitation des gaz de schiste a quant à elle suscité bien des polémiques, et fait l'objet d'un rejet ferme de la part du Président de la République. Cette décision est légitimement fondée puisqu'il ne saurait être question de recourir à une technologie sans en avoir au préalable suffisamment étudié les impacts. Mais on ne peut faire l'économie du débat sur l'avenir du gaz de schiste, avec des expérimentations dûment contrôlées, quand on connait le poids des hydrocarbures dans notre balance commerciale.L'équation complexe de la transition énergétique est devenue pour la France un enjeu de réussite, qui repose sur notre capacité à développer des filières d'excellence qui vont rayonner à l'international. En tant que société d'ingénierie spécialisée dans les infrastructures complexes, nous sommes bien décidés à participer à ce projet de société. En contribuant à la conception de projets pilotes ou à l'évaluation de technologies préalablement à leur éventuel déploiement. En aidant les collectivités locales à intégrer l'efficacité énergétique au cœur de nos cités et de nos territoires. En mettant le meilleur de nos expertises et de notre intelligence collective au service des entreprises et pouvoirs publics. 
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