La Fed doit prendre la décision la plus périlleuse de la décennie

La banque centrale la plus puissante du monde va être confrontée mardi et mercredi à l'une des décisions de politique monétaire les plus cruciales et périlleuses de son histoire récente. Face à une croissance molle non créatrice d'emplois, comme en a encore attesté l'estimation préliminaire du PIB du troisième trimestre, ressortie en progression de 2 % en rythme annualisé, à peine plus que les 1,7 % des trois mois précédents, Ben Bernanke et ses pairs de la Réserve fédérale se doivent de mettre en oeuvre les mesures indispensables pour assurer leurs deux missions : maintenir un niveau d'emploi maximal et des prix stables. Leur seule arme, après avoir abaissé les taux à un niveau voisin de zéro, est la poursuite de l'assouplissement monétaire quantitatif. C'est la drogue de la Fed depuis 2009 (même s'il faudra bien qu'en des jours meilleurs elle s'en désintoxique), qui consiste a faire fonctionner la planche à billets en acquérant des titres de dette publique. L'objectif aujourd'hui pour elle est double : faire baisser les rendements longs ou tout du moins les maintenir à leurs actuels planchers et simultanément - ce qui pour le puristes est antinomique - créer des anticipations d'inflation pour tenter de stimuler la consommation. Laquelle donne des signes d'essoufflement. Les dépenses des ménages, publiées lundi, ont certes continué d'augmenter en septembre, malgré le premier recul de leurs revenus depuis juillet 2009, mais d'un anémique 0,2 %. Réponse graduéeEn revanche deux chiffres ont surpris : la hausse de 0,5 % des dépenses de construction et surtout la remontée de l'indice ISM des directeurs d'achats du secteur manufacturier de 54,4 en septembre à 56,9 en octobre. Pour autant, il sera difficile pour la Fed de sortir l'artillerie lourde, à un moment ou le G20 cherche à désamorcer la guerre des monnaies, après s'être engagé à éviter toute dévaluation compétitive. Une seconde vague d'assouplissement quantitatif - le désormais fameux « QE2 » - agressive, après celle du « choc et de l'effroi » qui avait caractérisé la première, pèserait lourdement sur le dollar, qui n'en demande pas tant. Il s'échangeait lundi autour de 1,40 pour un euro et flirtait avec son record absolu de faiblesse vis-à-vis du yen. Les économistes sont de plus en plus nombreux à pronostiquer un programme de rachat de dette de l'ordre de 500 milliards de dollars sur six mois (alors que des chiffres aussi astronomiques que 2.000 milliards étaient avancés précédemment), mais assorti d'un engagement ferme à le reconduire si nécessaire. Car, au delà des statistiques majoritairement moroses, la Fed devra aussi composer avec un conseil plus divisé que jamais.
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