Les taux américains sont tiraillés entre le soutien de la Fed et la hausse des anticipations d'inflation

Si la relance du programme « d'assouplissement quantitatif » (« QE » en anglais) de la Fed paraît acté, ses détails et son effet sur les taux américains restent incertains. L'objectif de la Fed est de fait un casse-tête pour les investisseurs, tiraillés entre la hausse des anticipations d'inflation voulue par l'institution et le soutien offert aux marchés de taux par cette nouvelle vague d'achats. Au gré des salves statistiques et des déclarations des dirigeants de la Fed, le taux à 10 ans a oscillé entre 2,33 % et 2,83 % depuis la mi-août, quand la Fed avait fait un premier geste en annonçant le réinvestissement des remboursements de son portefeuille de titres hypothécaires en bons du Trésor.« Sur la base d'un montant de 500 à 1.000 milliards de dollars, cela représenterait l'équivalent d'une baisse de 50 à 75 points de base du taux directeur », explique un banquier. Traditionnellement, une baisse des taux directeurs se répercute sur les taux en vigueur sur le marché obligataire. Mais, dans le cas présent, la volonté affichée par la Fed de stimuler les anticipations d'inflation en usant de la planche à billet tendrait en sens inverse à rogner la valeur des titres de dette, qui intègreraient un surcroît de rendement dans leur taux de marché. Alors que la Fed pourrait faire porter l'essentiel de ses efforts sur les échéances intermédiaires, le taux à 5 ans a ainsi enregistré la plus forte détente, toute maturité confondue, tandis que le taux à 30 ans, particulièrement sensible aux anticipations d'inflation, a de son côté quasiment retrouvé son niveau de début août, aux alentours de 4 %.Risque de rebond des tauxAvant même d'annoncer son « QE2 », la Fed a pour l'instant réussi, malgré ces distorsions, à maintenir des taux d'intérêts nominaux très bas, tout en faisant remonter les anticipations d'inflation, matérialisées sur les marchés par les « points mort d'inflation ». Représentant la différence entre le taux des obligations classiques et celles indexées sur l'inflation pour une maturité donnée, ces derniers ont rebondi depuis fin août de 35 points de base sur l'échéance à 5 ans, à 1,46 %, et d'environ 70 points de base sur les maturités 10 ans et 30 ans, à 2,18 % et 2,62 %. « La courbe des taux réels, ceux des obligations indexées, est aujourd'hui en territoire négatif jusqu'à l'échéance 7 ans », souligne un stratégiste taux. Outre les questions sur son efficacité économique réelle, cette politique monétaire extrêmement expansive comporte un risque majeur de rebond des taux d'intérêts dans le futur. Le 25 octobre, le président de la Fed de Kansas City, Thoms Hoenig, parlait lui de « marché avec le diable ».
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