Les agences de presse cherchent à s'affranchir de Google

La colère gronde contre Google. Après les maisons d'édition, c'est au tour des agences de presse, emmenées par l'américaine Associated Press (AP), de tenter une fronde. Jusque-là, la première agence de presse mondiale agissait en solo. Confrontée à la baisse des revenus, l'agence menaçait de mettre un terme à ses accords avec les grands portails, au premier rang desquels figure Google. L'accord de publication des contenus d'AP sur Google arrive à échéance en fin d'année.Cette fois, AP franchit une nouvelle étape. L'agence de presse tente de fédérer ses grandes cons?urs mondiales autour d'une action commune. « Une réunion a été organisée en septembre. L'objectif du projet est de mieux valoriser les contenus sur Internet », a indiqué Pierre Louette, le PDG de l'Agence France Presse (AFP), lors d'un déjeuner organisé par l'Association des journalistes médias.L'idée d'AP serait par exemple de réserver la primeur des contenus des agences ? moyennant finance ? à Bing, le moteur de recherche de Microsoft, ou à Yahoo, plutôt qu'à Google. À cet effet, l'agence est en train de développer un outil de marquage des contenus qui permettrait de les bloquer sur Google Actualités. AP n'est pas le seul à organiser une action du genre. Rupert Murdoch, propriétaire de News Corp., réfléchit aussi à interdire l'accès pur et simple des articles du prestigieux « Wall Street Journal » à Google pour les réserver à Bing.pillage des contenusSur la Toile, le pillage des contenus est devenu banal. Selon une étude américaine d'Attributor qui vient d'être publiée, qui portait sur 101.000 articles publiés dans 157 journaux, les articles de presse sont copiés sans autorisation sur Internet en moyenne 4,4 fois. 75.000 sites Internet ont ainsi pillé des contenus de la presse écrite.Du côté de l'AFP, aucune décision n'est prise pour le moment. Pour mettre fin à une procédure judiciaire de deux ans, l'agence a signé en 2007 pour un montant non dévoilé un accord avec le moteur de recherche, l'autorisant à reprendre en échange d'une rémunération une partie de ses dépêches. « Le chiffre d'affaires généré par Google ne change pas les contours du compte d'exploitation de l'agence », se contente de préciser Pierre Louette. Par nature, ce contrat, qui arrive à échéance à l'été 2010, diffère des accords conclus avec Yahoo et Microsoft. « Ce sont des clients classiques de l'agence », indique son PDG. Les deux portails rémunèrent donc l'AFP en fonction de l'audience.Trouver de nouvelles sources de revenus est vital pour l'AFP. À la fin de l'année, une dizaine de quotidiens régionaux (« La Provence », « Paris Normandie »?) auront résilié leur abonnement, soit pour des raisons financières, soit parce qu'ils estiment que l'offre de l'agence n'est plus adaptée à leur besoin. La perte de ces dix clients se traduira par un manque à gagner de 7 à 8 millions d'euros. Mais, alors que beaucoup de dépêches de l'AFP sont consultables sans frais sur la Toile, n'y a-t-il pas un risque que ces ex-clients aillent faire leur marché sur Internet ? « On sera extrêmement vigilant, nous avons un système de veille », prévient Pierre Louette. n
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