Serge Diaghilev, le chantre d'un art total

Les uns le prenaient pour le diable. Les autres pour un génie. D'autres encore voyaient en lui un charmeur, un dictateur, un sorcier ou un charlatan. « Un homme aimable mais terrible », disait Érik Satie. « Un serpent », persiflait Matisse. « Un ogre, un monstre sacré », lui répliquait Cocteau. « Un prince russe qui ne supportait de vivre que pour susciter des merveilles », résume la magnifique exposition du Victoria and Albert Museum de Londres (le V&A) consacrée à Serge Diaghilev. Car l'inventeur des Ballets russes révolutionna le monde de l'art en célébrant les noces de la peinture, de la musique et de la danse, invitant Cocteau, Nijinski, Stravinski ou Balanchine à travailler de concert.Pour raconter tout cela, le V&A a rassemblé près de 300 objets, parmi lesquels des toiles de scène, des costumes, des maquettes, des croquis réalisés par les plus grands, ainsi que des films récents destinés à expliquer ce que furent les Ballets russes d'un point de vue chorégraphique et musical. Mais c'est surtout par sa scénographie flamboyante, qui rend l'ensemble accessible à tous, que cette exposition éblouit. Il y a là des salles de répétition reconstituées, des rondes de costumes ou un rideau de scène signé Picasso fièrement dressé dans l'une des salles. Autant d'éléments qui transportent le spectateur un siècle en arrière, au coeur de l'effervescence artistique suscitée par les Ballets russes sous la houlette de Diaghilev. Né en 1872 près de Novgorod, au sein d'une famille aisée mais bientôt ruinée de la petite noblesse russe, Serge Diaghilev a commencé par étudier le droit, puis la musique et le chant à Saint-Pétersbourg. Mais son pays est alors en plein chambardement, englué dans les grèves et la guerre russo-japonaise tandis que le tsar mène grand train. Ce qui pousse le jeune homme à partir tenter sa chance à l'étranger en 1906 comme imprésario de concerts, de ballets ou d'opéras avant de réunir les meilleurs éléments du théâtre Mariinsky de Saint-Pétersbourg. Et de faire appel aux musiciens, chorégraphes, peintres d'avant-garde tels Braque, Stravinski ou Ravel. Ainsi naissent les Ballets russes. Avec une idée en tête, donner autant d'importance à l'intrigue qu'à la musique, à la chorégraphie ou au décor. C'est l'ensemble qui compte. Le résultat va bouleverser à jamais les arts. Les guerres, les crises, les révolutions n'empêchent pas Diaghilev de mener sa mission à bien. Et s'il meurt à Venise en 1929, reste cette idée géniale d'un art total.Yasmine Youssi, à Londres? « 1909-1929, Diaghilev et l'âge d'or des Ballets russes », au Victoria and Albert Museum, jusqu'au 9 janvier. www.vam.ac.uk. Pour préparer son voyage à Londres : www.visitlondon.com/f
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