À qui le tour ?

Il y a sur le Net autant de blogs spécialisés dans la finance que de sites érotiques. La quasi-totalité sont américains et beaucoup sont soutenus en sous-main par l'industrie des hedge funds qui y voient un canal utile pour tester ou diffuser discrètement leurs recherches. Mais, selon un classement de blogs, compilé sur la base de critères plutôt académiques par l'université d'Ohio et diffusé par le blog eversonfinance.com de Christophe Evers, professeur à la Solvay Brussels School of Economics and Management, trois sites français se distinguent. Il s'agit tout d'abord de vernimmen.et, animé par Pascal Quiry et Yann Le Fur d'HEC, issu de la bible des étudiants en finance, le vénérable « Vernimmen », vraie grille de décodage de l'innovation financière et de la finance d'entreprise. S'ajoutent le blog investmentbankerparis.blogspot.com, créé par Patrick Soulard, ancien dirigeant de la Société Généralecute; Générale, pour ses étudiants en master finance à Paris Dauphine et, enfin, le site d'une jeune chercheuse de l'université de Pau, Nathalie Gardès (nathaliegardes.canalblog.com), spécialisé dans les questions d'intermédiation bancaire. À titre personnel, je ne peux pas occulter le blog de Paul Jorion (pauljorion.com), qui nous offre, en français, une chronique détaillée et savoureuse de la crise financière. Ces exemples sont suffisamment rares, dans un univers quasi exclusivement anglo-saxon, pour être soulignés. Cette semaine, la buzzmania s'est déplacée des commentaires sur le « QE2 » au jeu des pronostics sur les prochaines victimes européennes de la « crise de la dette ». La cause est entendue, après la Grèce et l'Irlande, le Portugal et l'Espagne sont donnés gagnants. Paul Krugman y ajoute désormais l'Italie et Nouriel Roubini, le « monsieur crise » qui vient d'être classé numéro 12 dans le top 100 des « Global Thinkers » de la revue « Foreign Policy », voudrait bien y adjoindre la France. Le chef économiste de la Deustche Bank, Thomas Mayer, cité sur le blog de Paul Jorion, n'en pense pas moins tout en soulignant la limite de l'exercice du soutien perpétuel : « Tout le monde ne peut pas s'appuyer sur l'Allemagne sinon nous tombons aussi. » Mais ce ne sont déjà plus les spéculations sur la prochaine faillite d'État qui monopolisent désormais l'attention des blogueurs mais bien l'étrange Julian Assange du non moins étrange site Wikileaks, qui fait actuellement trembler toutes les chancelleries. Car, dans une de ses rares interviews, accordée au magazine « Fortune » et disponible sur le site, Julian Assange annonce la couleur : la prochaine cible du site sera une banque américaine, « voire deux », et plus globalement, le monde « corporate ». La tactique reste inchangée, une diffusion brute et massive de centaines de milliers de messages internes. Dès lors, les paris vont bon train sur l'identité de la future victime. « Huffington Post » et Business Insider rappellent que Julian Assange avait évoqué l'an dernier Bank of America. Ce qui a fait baisser son cours lundi à Wall Street. Il est vrai que l'activiste promet de mettre sur le Web « tous les secrets de l'entreprise pour que chaque client, chaque concurrent, chaque régulateur puisse les examiner et les juger ». De quoi, précise-t-il, « la mettre à terre ».Par Éric Benhamou Éditorialiste
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