Seat, l'épine dans le pied du groupe Volkswagen

Tout réussit à Volks-wagen, sauf... Seat. La marque espagnole, rachetée au milieu des années 1980 par le groupe de Wolfsburg, remonte difficilement la pente. Ses ventes stagnent, quand celles du groupe battent des records. Seat perd toujours de l'argent, avec un déficit opérationnel de 157 millions d'euros au premier semestre après 339 millions sur l'année 2009, alors que le consortium allemand affiche de solides bénéfices. Et la firme catalane se concentre sur l'Europe et un marché espagnol sinistré ? même si elle y a retrouvé une position de numéro un ? au moment où Volkswagen « s'intercontinentalise » à grands pas. Polarisé sur l'entrée de gamme, avec une réputation mitigée héritée d'un lointain passé, le label hispanique ne s'est toujours pas remis de la concurrence interne... du tchèque Skoda, repris en 1991 par Volkswagen, aux coûts de production inférieurs et au développement rapide. Du coup, Seat s'est longtemps retrouvé « pas bien ciblé », aux dires mêmes de Martin Winterkorn, président du groupe. Pour la démarquer de Skoda, les spécialistes du marketing ont mis l'accent sur une prétendue sportivité, mais ce positionnement reste artificiel. Et l'image floue. Par ailleurs, pour réaliser des économies, les véhicules se sont un peu trop « ressemblés » les uns les autres comme les monospaces Altea et Toledo, celui-ci, au style bizarre, étant un échec patent. La Seat Exeo de haut de gamme n'est pour sa part qu'une ancienne Audi A4 récupérée, dont les lignes de fabrication ont été transférées en Espagne. Pas suffisant pour créer une vraie personnalité.Le hic« Skoda a toujours gagné de l'argent et a donc pu financer son implantation en Chine, en Inde », nous expliquait récemment Martin Winterkorn. Mais, maintenant, Seat « doit (aussi) s'internationaliser », martèle le dirigeant. Le hic, c'est qu'elle se retrouve exclue des marchés émergents à forte croissance. Le Français Paul Sevin, directeur commercial de Seat, a pour mission d'accroître les ventes à 500.000 unités par an d'ici à 2015, voire 800.000 en 2018, en passant par 340.000 en 2010, 380.000 en 2011. Une condition sine qua non pour retrouver la voie des bénéfices... dans les cinq ans. Seulement, ce n'est pas en Europe que la firme va pouvoir gagner autant de terrain... Le groupe germanique a d'ailleurs lancé au printemps dernier un véritable ultimatum : « c'est la dernière chance pour Seat en tant que marque », avait alors lâché James Muir, patron de choc de la firme de Barcelone.Cette marque à l'histoire compliquée ? elle a été créée en 1950 par le gouvernement franquiste pour fabriquer des Fiat sous licence ? doit notamment saturer coûte que coûte son usine géante de Martorell, qui tourne à 70 % du potentiel. Heureusement, Audi, marque de luxe de Volks-wagen, va venir à la rescousse, en y produisant cette année son 4x4 compact Q3 dont les volumes envisagés se montent à 100.000 par an. « Ça va aider à réduire les coûts fixes », souligne Martin Winterkorn. De nouveaux modèles Seat sont prévus, comme la future compacte Léon et un petit véhicule, mais pas avant 2012. Et ce dernier, clone de ceux annoncés par Volkswagen et Skoda, sera vraisemblablement produit à Bratislava, en Slovaquie !
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