Michel Théoval, expert en missions impossibles

Dernière mission casse-cou pour Michel Théoval. Ce vieux briscard de l'aéronautique française veut briser le « mur de Berlin » qui se dresse entre les industries européenne et japonaise. Nom de code de la mission : GHT, le nom de sa société nouvellement créée à Tokyo. « Les Japonais sont excellents dans beaucoup de domaines, mais il y en a d'autres où ils auraient besoin de l'expertise européenne. Dans la robotique marine par exemple, ils sont mauvais, alors qu'ils sont entièrement tournés vers la mer », explique-t-il. Son offre vise les marchés civils et gouvernementaux japonais, en dépit du poids écrasant des acteurs locaux et américains. La communauté d'affaires franco-japonaise applaudit des deux mains. Fin janvier, l'ambassade de France a salué la création de la société par une réception où se pressait tout le gotha (vert olive) militaire nippon. Les missions impossibles, Michel Théoval connaît. Il a vendu des missiles français au Pentagone. Il a acheté de la techologie sensible aux Russes. Il a vendu de l'électronique aux Japonais. « Je vais dans les pays où le client dit ?non?, explique-t-il, trop modeste. Jeune patron d'une société d'aviation, il avait affrété en 1975 un avion rempli de journalistes en direction du Tchad pour enregistrer l'interview de Françoise Claustre, une ethnologue « enlevée par des rebelles toubous ». « On avait construit un énorme émetteur, relié à un bateau en pleine Méditerranée, qui relayait jusqu'à l'émetteur de RTL », se rappelle-t-il. L'Élysée avait diversement apprécié. « Je m'étais mis en travers de la raison d'État sans le savoir », reconnaît-il. Capable de fulgurancesSi vous cherchez un peu de couleur, une éclaircie dans la grisaille des salons de l'armement, allez voir Michel Théoval. Il est capable de fulgurances, comme celle-ci : « Dans ?le Cid?, les salfanges dont parle Corneille sont des cimeterres fabriqués à Tolède par des artisans venus de Damas, probablement sous inspiration d'artisans japonais établis au Siam », explique-t-il à brûle-pourpoint. Cette figure des relations industrielles franco- japonaises, qui a représenté Thales à Tokyo entre 1997 et 2010, est une véritable mémoire vivante de l'industrie. Si les statistiques étaient bien faites, il pourrait même être répertorié comme opérateur de chemins de fer, à l'instar de Japan Railways : fou de trains miniatures, il possède une collection de plus de 10.000 pièces. « Le train c'est l'invitation au voyage. L'avion, c'est un déplacement. En avion on ne voit rien. Ensuite, dans la révolution industrielle, chaque pays a développé ses propres trains. Aujourd'hui, les trains se sont mondialisés et uniformisés. Avec ma collection, je peux revoir les solutions industrielles inventées, les revisiter », rêve-t-il.
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