L'Union Européenne prise dans le piège grec

La musique reste la même, mais le volume augmente. Bruxelles entonnera aujourd'hui à nouveau le refrain du « aide-toi, le ciel t'aidera » à destination d'Athènes. Joaquin Almunia s'exprimera certes sur un ton particulièrement grave. Il demandera au Premier ministre, George Papandréou, de mettre des mesures plus précises sur son objectif de réduction du déficit de 12,7 % en 2009 à 3 % en 2012. Mais, au bout du compte, il s'en tiendra à l'orthodoxie européenne, à savoir qu'un pays de la zone euro ne doit pas s'attendre à compter sur le soutien financier de ses partenaires pour boucler son budget. Charge ensuite à chaque gouvernement de respecter les règles... et de gérer les conséquences sociales des réductions des bénéfices sociaux, des retraites, des salaires et de la montée du chômage.Cependant, cette option « nationale » est de plus en plus battue en brèche. Certains se demandent si ce programme d'austérité, même mis en oeuvre sous la surveillance étroite de Bruxelles, suffira pour que le pays retrouve la confiance des marchés et une situation économique tenable. « Le problème grec n'est pas seulement budgétaire. Cela fait dix ans que la Grèce consomme chaque année plus qu'elle ne produit. Pour revenir à une situation soutenable, il faudrait carrément réduire les salaires de 20 %, pas seulement dans la fonction publique », explique Daniel Gros, économiste au Center for European Policy Studies.problème de cohésionLes Grecs eux-mêmes aimeraient lever une autre option, celle d'une solution non pas nationale mais européenne. Hier, le ministre des finances, George Papaconstantinou, s'est lancé dans un plaidoyer inattendu pour un emprunt obligataire dans l'ensemble de la zone euro. Et d'ajouter : « Après la Grèce, il y a d'autres pays, comme l'Espagne et le Portugal. C'est pourquoi le problème grec, en dépit de ses caractéristiques particulières [...], est aussi un problème de la zone euro. » En effet, que se passera-t-il si l'un de ces pays voit son risque réévalué par le marché au point qu'il ne puisse plus se financer ? Cette question reste pour l'instant sans solution.Il y a un an, les spreads de crédit sur la dette souveraine avaient bondi. La prime de risque grecque avait déjà passé la barre des 3 % par rapport aux obligations allemandes. À l'époque, les Européens avaient réussi à rassurer les marchés en promettant qu'ils progresseraient sur le sujet de la gestion de crise, qui reste un point faible de l'Union européenne. Mais, de solutions, ni l'Eurogroupe ni le Conseil Écofin n'en ont mis sur la table. D'où une troisième option : le recours au Fonds monétaire international. Il aurait l'avantage d'« externaliser » le très probable ressentiment de la population grecque, mais aussi de puiser dans les ressources du FMI au lieu de ponctionner les autres pays de la zone. Reste, à terme, le problème de la cohésion de la zone euro et de l'insuffisance des critères du Pacte de stabilité. Les difficultés de l'Espagne, par exemple, ne doivent rien à un manque d'orthodoxie budgétaire, et tout à une bulle d'actifs ? immobiliers ? sur le prix desquels la banque centrale n'exerce aucun contrôle. La crise passée, les garanties de l'union monétaire auront encore du pain sur la planche.
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