Pierre Fabre redonne des forces à sa pharmacie

Ne dites pas à Jean-Pierre Garnier que Pierre Fabre n'est pas un groupe pharmaceutique. « Les médicaments de prescription sont l'un de nos trois piliers, avec l'automédication et la dermo-cosmétique », martèle le président du directoire du troisième laboratoire français (après Sanofi et Servier), arrivé pour seconder le fondateur en septembre 2008. Pourtant, les médicaments sur ordonnance ne pèsent que 500 millions d'euros environ, contre près de 900 millions pour les produits Avène, Klorane et autres Ducray, sur un total de 1,8 milliard en 2009. Mais Pierre Fabre, société non cotée protégée par une fondation, ne lésine pas sur les moyens pour se renforcer dans la pharmacie. Il a posé ce mardi la première pierre d'une unité de production d'anticorps monoclonaux (molécules biologiques utilisées contre le cancer) dans son centre de Saint-Julien-en-Genevois (Haute-Savoie). Un investissement de 15,5 millions qui lui donnera, dès la mi-2011, davantage d'autonomie en matière de recherche. « Nous ne faisions que de la recherche en amont, avant de céder les droits de développement et de commercialisation de nos produits à de plus grands groupes », explique le directeur du centre, Christian Bailly. « Avec cette unité, nous pourrons aller plus loin, en produisant des lots pour des essais cliniques sur plusieurs milliers de patients », ajoute Jean-Pierre Garnier. À Saint-Julien, Pierre Fabre a déjà mis au point deux anticorps. L'un a été vendu à l'américain Merck en 2004. L'autre a été cédé lundi à son compatriote Abbott contre un paiement initial de 25 millions d'euros. « Si nous parvenons à développer et tester nos anticorps trois ans de plus, nous pouvons envisager d'en tirer des montant dix fois supérieurs ! » assure Christian Bailly.dépendance européennePourquoi le cancer ? « C'est l'un des axes thérapeutiques abordables à notre niveau, car il répond à de vrais besoins pour la société, et dans ce cas, les autorités de santé et les payeurs sont prêts à regarder nos dossiers », indique Jean-Pierre Garnier. Le groupe reste un poids plume sur le plan mondial. Mais il a investi 200 millions en recherche et développement (R&D) en 2009 et mise beaucoup sur un traitement de l'hémangiome (tumeur du nourrisson), en phase III. L'évolution des ventes en 2010 « dépendra de la reprise du marché dermo-cosmétique, qui a fléchi l'an dernier », note Jean-Pierre Garnier. En pharmacie, « nous sommes encore très dépendants de l'Europe, qui devrait malheureusement rester le dernier de la classe en matière de croissance », prévient le dirigeant.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.