L'Union européenne snobée par Obama

Alors que les Européens disposent enfin d'une ligne téléphonique, bien que toujours en phase de test et encore relié à de nombreux interlocuteurs pour y répondre, Barack Obama vient de leur raccrocher au nez. Les Européens s'en doutaient, mais avec le refus du président américain de participer à un Sommet États-Unis-Union européenne fin mai à Madrid, ils en ont désormais la preuve : l'Europe ne fait pas partie de ses priorités. Après avoir visité six capitales européennes l'année dernière, le président américain considère qu'il en a fait assez. Les Européens comprennent qu'il leur faudra être plus pertinents pour vraiment peser dans la cour des grands. « L'Europe n'était pas prête pour ce sommet », reconnaît l'eurodéputé Elmar Brok, qui préside la délégation pour les relations avec les États-Unis. Il attribue cette impréparation aux retards du traité de Lisbonne et au fait que la Commission, qui attend sa confirmation par le Parlement, en est toujours à traiter les affaires courantes. Coté américain, on avait aussi parfaitement compris que ce sommet constituait avant tout une « photo opportunity » pour José Luis Zapatero de figurer aux côtés de la « superstar » Obama. Mardi, après la confirmation de l'absence d'Obama, le bruit courait dans les couloirs de Bruxelles que le sommet allait être annulé. complexité des institutionsCe n'est pas le premier « lapin » que pose Barack Obama à l'Europe. À l'occasion d'une précédente rencontre programmée avec José Manuel Barroso, il s'était fait remplacer au dernier moment par son vice-président Joe Biden pour un déjeuner avec le président de la Commission. Le président américain ne cache pas sa perplexité, voire son agacement, devant la complexité des institutions européennes. « Nous ne pouvons pas complètement blâmer Obama. Il a peut-être raison : on parle trop et on n'agit pas assez en Europe », explique l'eurodéputée britannique Sarah Ludford.« L'Europe doit parler d'une seule voix si elle ne veut pas être condamnée à regarder depuis les tribunes le match Chine-USA », considère Pascal Canfin. L'eurodéputé Europe Écologie ajoute qu'« à Copenhague, au G20, au FMI, les États membres sont divisés et défendent des points de vue nationaux et non coordonnées. Cela limite fortement la capacité de l'Europe à peser sur les négociations internationales ». Même son de cloche du côté de la Commission. Pour son vice-président Jacques Barrot : « Il faut une équipe européenne très soudée, sans quoi l'Europe inventera de très bonnes choses mais ne saura pas les vendre... » ? Le président américain lors du sommet de Copenhague le 18 décembre 2009.
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