Le coton victime de rétention en Chine

Durant la guerre de Sécession, les États du Sud des États-Unis avaient usé d'une arme douce : celle du coton. En accumulant dans les greniers la fibre végétale, dont ils avaient un quasi monopole avec les trois quarts de la production mondiale, ils étaient parvenus à faire grimper les cours du coton jusqu'à 1,89 dollar par livre. Un record inégalé jusqu'alors, qui pourrait être franchi dans les jours qui viennent. À 1,76 dollar, la livre de coton a en effet touché mercredi un record depuis plus de 140 ans - une période suffisamment longue pour que l'on évoque un record historique tant les marchés ont la mémoire courte ! Cette fois, les méchants spéculateurs à l'origine de cette hausse ne sont pas aux Etats-Unis. Mais dans un des derniers pays communistes : la Chine. Selon l'Association Chinoise du Coton, près de 10 % de la récolte chinoise serait actuellement conservée dans les fermes par les 25 millions de paysans chinois faisant pousser la fibre. Il s'agit de la spéculation la plus simple et la plus ancestrale : la rétention. La Chine continue d'acheterEntre la sécheresse et la hausse des prix des multiples insecticides nécessaires à la croissance du coton, les fermiers attendent des prix encore plus élevés avant de vendre leur production. Ils profitent bien sûr d'une situation mondiale tendue : depuis les inondations qui ont endommagé la récolte pakistanaise cet été, et la récolte décevante aux États-Unis, le coton est à la mode sur les marchés financiers. Et alors que les revers météorologiques se multiplient au-dessus des champs de coton, comme le cyclone Yasi en Australie, la Chine continue d'acheter à tour de bras : en 2010, le pays a importé 86 % de coton de plus que sur 2009. Les fondamentaux sont donc haussiers, mais ce qui sert le plus la spéculation, c'est la rareté de l'information qui incite industriels et producteurs à parier sur des hypothèses de stocks et de production, plutôt que de compter sur des chiffres. À l'exception des États-Unis, 3e producteur mondial, le coton pousse dans des pays qui ne publient pas de statistiques comme l'Inde, la Chine, le Pakistan, l'Ouzbékistan, l'Egypte. Chacun se repose donc sur les chiffres de l'USDA: des projections qui peinent à rendre compte des stocks des fermes chinoises.
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