L'émergence de Comcast-NBC Universal inquiète ses rivaux

Six ans après son offensive avortée sur Disney, Comcast est enfin parvenu à ses fins : mettre la main sur un grand groupe de médias. Avec la prise de contrôle de NBC Universal, effective depuis samedi, le premier câblo-opérateur américain rentre ainsi dans une nouvelle ère. Celle d'une entreprise intégrée, produisant et diffusant des programmes à la télévision et sur Internet, pour lesquels elle commercialise en même temps l'accès. Une entreprise qui contrôle donc les tuyaux et les contenus qui les alimentent. Cette double casquette, unique aux États-Unis, suscite de nombreuses inquiétudes, malgré les conditions imposées par le régulateur, la Federal Communications Commission (FCC). Ce nouveau géant américain des médias « est tout simplement trop gros et trop puissant pour servir l'intérêt public », résume Michael Copps, le seul membre de la FCC à s'être prononcé contre cette opération. Comcast-NBCU, c'est désormais - en plus de ses 23 millions d'abonnés au câble et de ses 17 millions de clients Internet - l'un des quatre grands réseaux TV du pays (NBC), 17 chaines du câble, 26 chaines locales, les studios de cinéma Universal, le service de streaming Hulu, etc.Comcast se retrouve ainsi en position de force, n'ont cessé de clamer les adversaires de ce mariage. Cela pourrait entraîner « un surcoût de 2,4 milliards de dollars pour les consommateurs au cours de la prochaine décennie », a ainsi chiffré l'American Cable Association, qui représente les petits fournisseurs d'accès au câble. Car le groupe sera en mesure de réclamer des redevances plus élevées pour autoriser la diffusion de ses chaînes sur les bouquets de ses concurrents. Ces dernières années, la bataille entre les opérateurs et chaînes de télévision s'est intensifiée. En jeu : le partage des 70 milliards de dollars générés chaque année par les abonnements au câble. Bien qu'en perte de vitesse après les années fastes marquées notamment par le succès des séries « Seinfeld » et « Friends », NBC reste la quatrième chaine la plus regardée. Elle est aussi le seul « network » détenu par un câblo-opérateur - CBS est indépendant, ABC est détenue par Disney et Fox par News Corp. En menaçant de stopper sa diffusion sur un bouquet, Comcast serait donc en mesure de faire pression à la hausse sur les prix de tous ses programmes. Et ainsi s'assurer un avantage compétitif sur les autres câblo-opérateurs, qui devront répercuter ces surcoûts sur leurs abonnements. Favoriser les contenusLe groupe pourrait également favoriser ses contenus au détriment de ses rivaux. Bloomberg TV s'est ainsi inquiété d'un éventuel traitement de faveur pour sa concurrente CNBC, avant d'obtenir gain de cause auprès de la FCC. Le régulateur a d'ailleurs imposé un principe de non-discrimination. Mais l'histoire récente a aussi montré la relative impuissance du régulateur. En outre, cette clause ne porte que sur les sept prochaines années.L'autre risque majeur concerne le développement de la télévision sur Internet et du streaming. En définissant les principes de la Net neutralité, la FCC a reconnu le droit aux fournisseurs d'accès Internet de favoriser la qualité de service sur ses propres sites et contenus. Les autres pourraient devoir payer une surtaxe pour bénéficier d'une qualité équivalente. Comcast-NBCU pourrait alors donner la priorité à Hulu - dont il a dû abandonner le contrôle opérationnel. Dans le viseur : Netflix, le leader de la location de DVD sur Internet qui réalise une offensive gagnante sur la vidéo à la demande. Mais aussi tous les autres services gourmands en bande passante.
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