La taxe carbone arrive N° 3

Les accords de Copenhague, comme ceux de Kyoto, n'ont pas réussi à imposer des solutions contraignantes. C'est très inquiétant parce que les États vont continuer à espérer que les autres États feront les efforts à leur place et, par ailleurs, ils vont réaliser qu'avoir un parc polluant n'a pas que des désavantages car l'on peut demander plus de compensations lors de négociations ultérieures. Les États font déjà des efforts et ils vont en faire d'autres, même en l'absence de taxe. Il y a plusieurs raisons à cela. Par exemple, quand on diminue sa consommation d'énergies fossiles, on ne fait pas que réduire ses émissions de CO2. On réduit aussi d'autres polluants, comme le SO2, qui a des effets locaux et qui est à l'origine des pluies acides.. L'autre raison est qu'on essaie de calmer l'opinion publique et d'alléger la pression internationale. Mais il ne faut pas être naïf, les États vont agir dans leur propre intérêt. Attendre comme on l'a fait à Kyoto, puis à Copenhague, est très dangereux. La France, qui prend la décision de taxer dans un seul pays, chez elle, est-ce crédible, est-ce utile ?Il ne faut pas trop attendre des actions unilatérales. Si nous taxons, nous allons réduire notre pollution, ce qui est bien. Mais il va y avoir certains effets. Les autres pays vont continuer à polluer, et, par ailleurs, si les consommateurs français achètent moins de pétrole, de fioul ou de gaz, le prix mondial va baisser un petit peu, ce qui incitera les autres à consommer plus. En outre, on va importer davantage de produits venant de pays où le prix du carbone est très faible. C'est ce qu'on appelle les « fuites de carbone », et leur existence implique que les effets des politiques unilatérales ne sont pas géniaux. Alors, que fait-on dans ce cas-là ? Je crois qu'il faut faire preuve de pragmatisme. Il faut taxer, il faut faire un effort. Le prix retenu par la loi de 17 euros la tonne de CO2 est trop faible ; on n'atteindra jamais les objectifs du Giec. Il faudrait que ce soit beaucoup plus élevé au niveau mondial, mais ça permet au moins d'avoir une diminution des émissions à un coût relativement faible, et surtout de montrer sa bonne volonté. Il faut comprendre que les actions unilatérales n'ont pas beaucoup d'effet, et donc essayer d'obtenir un accord global.Propos recueillis par Sophie Gherard
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