Areva va annoncer la première perte opérationnelle de son histoire

L'impressionnante force de persuasion d'Anne Lauvergeon ne sera pas superflue ce jeudi soir pour convaincre les marchés financiers que l'exercice 2010 ne sera bientôt plus qu'un mauvais souvenir pour le groupe nucléaire. Areva doit en effet annoncer aujourd'hui sa première perte opérationnelle depuis sa création en 2001, qui s'établirait entre 200 et 300 millions d'euros, selon les analystes. Mais surtout, la patronne du groupe, qui se bat pour être renouvelée à l'issue de son deuxième mandat en juin, devra convaincre sur les capacités du groupe à arrêter de consommer du cash. L'un des principaux reproches que lui opposent ses concurrents. En 2010, ce sont les 717 millions d'euros de provisions passées au premier semestre pour faire face aux difficultés du chantier finlandais de l'EPR et à une dépréciation des mines qui plombent le résultat. Hors provisions, la marge opérationnelle est attendue en ligne avec celle de 2009, entre 5 et 6 % du chiffre d'affaires. Le bénéfice net est, lui, promis en hausse, grâce au résultat net de 1,2 milliard d'euros généré par l'activité T&D, vendue en juin dernier. Une cession qui inquièteLa cession de cette branche, largement bénéficiaire depuis son redressement, fait partie des motifs d'inquiétude à court terme. Trois risques majeurs pèsent en outre sur Areva. D'abord, le montant final de la facture du contrat finlandais. Jusqu'à présent, le groupe a passé 2,6 milliards d'euros de provisions, sur un contrat de 3 milliards. Et cela ne devrait pas s'arrêter là, d'après les analystes. En second, lieu, Areva devra d'ici à 2012 solder son divorce avec Siemens. Deux procédures d'arbitrage sont en cours pour tenter d'alléger la facture, fixée pour l'heure à 2 milliards d'euros. « Difficile d'avoir une visibilité. Ce sont des milliards d'euros qui se baladent », souligne un analyste parisien. Autre élément d'incertitude : la filialisation de l'activité la plus rentable du groupe, les mines, annoncée par l'Elysée la semaine dernière, qui amputerait le groupe d'une partie de ses futurs revenus. Sans compter que ce projet exige une valorisation précise de ce secteur, qui pourrait mener à d'autres dépréciations. Le marché et les candidats au poste d'Anne Lauvergeon seront particulièrement attentifs aux prévisions que va faire le groupe quant à sa capacité à générer du cash. En 2010, Areva devrait avoir encore consommé 2 milliards d'euros, soit 7,5 milliards depuis 2006, déséquilibrant sa structure financière. Début 2010, Areva promettait des cash-flows positifs en 2012. Les analystes tablent sur 2013, au plus tôt. Ce qui plaide en faveur d'une nouvelle augmentation de capital. « Il manque 1 à 2 milliards d'euros pour couvrir le plan d'investissement sans dégrader leur note de crédit », estime Alex Barnett, chez Jefferies.
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