Polémique sur les enchères des fréquences mobiles « 4G »

« Le grand cirque hystérique des achats de fréquences de quatrième génération. » C'est avec une de ces formules chocs dont il a le secret que Martin Bouygues a lancé mercredi la polémique sur les modalités d'attribution des fréquences mobiles dites « 4G », le très haut débit mobile qui succédera à la 3G actuelle. Le patron du groupe diversifié, dont la filiale de télécoms contribue le plus aux résultats, redoute que le mode d'attribution se révèle discriminant et revienne à favoriser Orange, « beaucoup plus riche » que les autres opérateurs, en lui permettant de rafler l'essentiel des fréquences. La priorité de Bercy est en effet de maximiser les recettes pour l'État et de retirer au moins 2 milliards d'euros de ces enchères. « La grande peur des petits opérateurs est qu'Orange se retrouve avec 40 Mhz de fréquences et eux seulement 10 Mhz chacun. Orange pourrait alors annoncer des débits maximum deux fois plus élevés que ses concurrents, ce serait redoutable au niveau marketing », explique un fin connaisseur du secteur. En effet, avec la technologie qui sera utilisée pour la 4G, le LTE, la quantité de fréquences de l'opérateur conditionne le débit, donc la rapidité du service offert, alors que pour le GSM et la 3G, la « largeur de bande » ne déterminait que le nombre de clients servis. Garde-fousConscient du problème, le régulateur des télécoms, l'Arcep, a d'ailleurs milité auprès du gouvernement pour que chaque licence soit attribuée avec un minimum de 10 Mhz, ce qui semble à peu près acquis. « On pourrait imaginer deux lots de 15Mhz et deux lots de 20 Mhz, mais cela ne permettra pas de maximiser les enchères », explique un proche du dossier. « Pour éviter la concentration des fréquences chez un seul opérateur, il faudrait instaurer des garde-fous, soit un pourcentage maximum, soit des contraintes très fortes d'itinérance ou d'accueil des autres opérateurs », considère Maxime Lombardini, le directeur général d'Iliad, la maison-mère de Free. Les acteurs ont encore quelques semaines pour faire valoir leurs arguments. Les conditions précises de l'appel d'offres, dont le lancement a été retardé, devraient être dévoilées avant l'été. Delphine Cuny
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