Les entreprises françaises se ruent sur les marchés de dette

Encouragées par l'appétit des investisseurs et l'amélioration des conditions de marché, les entreprises françaises ont été particulièrement actives sur le marché obligataire européen en mars. Emmenées par PPR, Vivendi, France Telecom et Pernod Ricard, elles ont levé un total de 8,5 milliards d'euros sur ce seul mois, soit près des deux tiers des 13,4 milliards qu'elles ont émis depuis le début de l'année.Les sociétés allemandes, qui ont émis un montant équivalent sur le premier trimestre, ont comparativement privilégié le mois de janvier et n'ont placé que 5 milliards d'euros en mars. Au total, les émissions françaises ont représenté 31% des 27,4 milliards d'euros adjugés le mois dernier, contre seulement 18% pour les sociétés allemandes. « Beaucoup d'émetteurs étaient en train de préparer la publication de leurs résultats en février, et les entreprises s'interdisent en général de lever de la dette pendant cette période. Par ailleurs, la phase aigue de la crise grecque a perturbé les émissions obligataires après un bon démarrage en janvier », explique Félix Orsini, responsable origination France à la Société Généralecute; Générale.2 milliards seulement en févrierPas moins de 12 milliards d'euros d'obligations avaient été émises à l'échelon européen sur les deux premières semaines de janvier, soit plus de 20 % des 56 milliards adjugés sur le premier trimestre. Mais à la mi-janvier, l'aversion pour le risque provoquée par la crise des finances publiques grecques avait conduit les entreprises à suspendre leurs opérations. Les sociétés françaises n'avaient placé que 2 milliards d'euros de dette en février, et leurs concurrentes allemandes, un montant quasi nul. L'horizon s'est depuis dégagé avec la conclusion d'un accord européen sur une aide financière à Athènes. Dernière en date, l'opération de France Télécome;lécom, qui a émis, le 31 mars dernier, 1 milliard d'euros d'obligations à 10 ans, attirant 2,5 milliards d'euros d'ordre.Deux fois plus d'intervenants« Il y a encore beaucoup de liquidités à placer dans le système financier, mais le choix de placement est relativement plus limité du fait de la quasi disparition des placements de produits structurés. Par ailleurs, le panel d'investisseurs s'est élargi, notamment avec l'arrivée des gestions privées. Par rapport à la période d'avant crise, environ deux fois plus d'intervenants participent aux émissions obligataires », souligne Stéphanie Besse, co-responsable de l'origination obligataire corporate chez Natixis. « Les émetteurs sont en position de force »Signe de la normalisation des marchés obligataires intervenue depuis l'an dernier, le taux d'intérêts de 3,875% proposé par France Télécome;lécom est le plus bas depuis son opération à 10 ans de février 2007, note Félix Orsini. « Les émetteurs sont en position de force car les émissions se sont globalement raréfiées en ce début d'année. La meilleure preuve est que toutes les opérations récentes comme celles de PPR, France Télécome;lécom ou Vivendi ont été bouclées avec des primes d'émission pratiquement nulles », ajoute-t-il. Totalement gelé à la suite de la faillite de Lehman Brothers, le marché obligataire européen s'était rouvert début 2009 et les entreprises avaient placées un record de 120 milliards d'euros sur le seul premier trimestre 2009, soit plus de 40% des 290 milliards émis sur l'ensemble de l'année.Les entreprises se renforcent mais les incertitudes demeurent« L'an dernier, beaucoup d'opérations avaient pour but de refinancer des acquisitions. Les entreprises aujourd'hui sont plus opportunistes dans leur approche. Elles profitent de conditions de marche très favorables et cherchent plutôt à anticiper des tombées de dette ou financent leurs besoins généraux », précise Stéphanie Besse. Pernod Ricard a notamment émis 1,2 milliard d'euros d'obligations à 6 ans le 11 mars dernier pour restructurer son passif en diminuant la part de ses dettes bancaires.Si le quasi triplement des émissions obligataires européennes entre février et mars renforce la solidité des entreprises, il révèle aussi les incertitudes actuelles. « Beaucoup d'émetteurs ont le sentiment que la fenêtre pourrait se refermer. La crise grecque a montre que le marché est plus vulnérable aux mauvaises nouvelles qu'en 2009 », prévient Félix Orsini.
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