La production de fiction française victime de l'arrêt des feuilletons

Le Centre national du cinéma (CNC) a présenté, vendredi, les chiffres 2009 de la production audiovisuelle. L'année dernière a été marquée par une nette inflexion dans la production de fiction. Les téléfilms de 90 minutes, qui reculaient depuis 2004, sont repartis à la hausse, avec 225 heures produites (+12 %). Inversement, les 52 minutes, qui étaient en croissance depuis 2004, sont repartis à la baisse, avec 179 heures (-23,5 %). Véronique Cayla, présidente du CNC, a avancé plusieurs explications. D'abord, ces dernières années, les chaînes ont multiplié les 52 minutes, mais, en termes d'audience, cela n'a pas été " très probant ", tout en étant plus risqué, car cela engage la chaîne sur une plus longue durée. Surtout, les 52 minutes étaient prisés, car ils permettaient d'insérer un écran publicitaire entre deux épisodes diffusés à la suite. Or, en 2009, les chaînes privées ont enfin obtenu la permission d'insérer deux écrans (au lieu d'un) dans une même émission. Et le service public a supprimé toute publicité en soirée, et n'est donc " plus motivé " par le format de 52 minutes. Le 90 minutes, exception françaiseCela a donc fait perdre une grande partie de son intérêt à ce format au profit des 90 minutes. Toutefois, le CNC déplore que ce standard de 90 minutes soit une " exception française ", qui s'exporte mal, et craint de constater un recul des exportations d'ici deux ans. L'autre tendance est le recul des fictions de 26 minutes, qui tombent à 232 heures (-35 %). Explication : en 2008, TF1, France 2 et M6 s'étaient toutes lancées dans la production de feuilletons quotidiens, pour tenter d'imiter le succès de " Plus belle la vie " sur France 3, ce qui avait dopé les statistiques cette année-là. Mais tous ces feuilletons ont été des échecs et n'ont pas été reconduits. Documentaires en hausseCes feuilletons représentant un nombre d'heures important, leur arrêt fait chuter les chiffres 2009 de la fiction en volume (752 heures, soit -18 %) comme en valeur (665 millions d'euros, -10%). La baisse la plus importante est constatée chez TF1, avec un recul de 21 % en volume et 14 % en valeur.Heureusement, cela a été compensé par la hausse des autres genres : documentaires, dessins animés et spectacles. Au final, la production a donc progressé en 2009 en volume (+6,6 %) comme en valeur (+2,3 %).On constate aussi un doublement des apports des chaînes de la TNT gratuite (à 13 millions d'euros), mais cela reste 54 fois moins que les apports des chaînes historiques. Recul en volume annoncéPour Véronique Cayla, " les résultats 2009 sont plutôt positifs compte tenu du contexte économique, mais la situation demeure préoccupante pour la fiction où on assiste à un fort recul en volume". En revanche, l'année en cours devrait être nettement moins bonne, car, pour les chaînes privées, les obligations d'investissements en 2010 dépendent du chiffre d'affaires réalisé en 2009, qui a été en fort recul chez TF1 et M6. La fiction américaine fait mieux que la françaiseSimultanément, le CNC a publié une autre étude sur la diffusion de la fiction. Il ressort que c'est M6 qui diffuse le plus de fiction américaines en soirée (88% des fictions diffusées) suivi par TF1 (49%). La fiction hexagonale est majoritaire sur le service public : 64% sur la Deux et 78% sur la Trois. Sur quasiment toutes les chaînes, la fiction américaine réalise de meilleures audiences que la française: sur la Une 30,4% contre 25,4%; sur la Six 15,8% contre 12%; et sur la Deux 21,6% contre 14,8%.
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