Japon : Le financement de la reconstruction est mal ficelé

Opposition et majorité au Japon, irréconciliables depuis belle lurette, sont parvenues à se mettre d'accord sur l'aide aux régions sinistrées par le séisme du 11 mars. Lundi, la Chambre haute de la Diète japonaise a voté une rallonge budgétaire de 4.000 milliards de yens (33 milliards d'euros) pour financer les premiers travaux de la reconstruction du nord-est du pays : remise en état d'infrastructures, logements provisoires, déblaiement des décombres et mise aux normes parasismiques des établissements scolaires sont au programme. La Chambre basse avait adopté le même texte samedi. Finances exsanguesCette première enveloppe sera suivie de beaucoup d'autres : le coût total de la reconstruction est estimé à 210 milliards d'euros par les autorités. Cette catastrophe a eu lieu à un moment où les finances du pays sont déjà exsangues. Elles semblent prises dans un cercle vicieux que les gouvernements successifs sont incapables d'enrayer. « Le tremblement de terre de Kobe en 1995 s'était produit à un moment où la dette publique atteignait 86 % du produit intérieur brut (PIB). Celui du 11 mars a lieu à un moment où la dette publique atteint 200 % du PIB, soit un niveau jamais atteint dans l'histoire des hommes. Cela veut dire qu'il y a encore moins de flexibilité alors que nous savons que les dépenses vont augmenter » a résumé le secrétaire général de l'OCDE Angel Gurria lors d'une récente visite à Tokyo.Quelles sources le gouvernement de Naoto Kan pourra-t-il ponctionner, lui qui gère déjà un pays grevé d'une dette qui représente plus du double de son économie ? « Une grande partie de la majorité veut augmenter la taxe sur la consommation, tandis que l'autre veut augmenter l'impôt sur le revenu. Si le débat se bloque sur cette question, les prochaines rallonges budgétaires ne seront pas plus ambitieuses que celle-ci » prédit Hiromichi Shirakawa, économiste-en-chef de Crédit Suisse. Une hausse de l'électricité (déjà très élevée au Japon) lui semble inévitable pour couvrir une partie des coûts. En aval se pose la question de la destination des fonds : aux industries manufacturières, à la production perturbée par le séisme et le tsunami ? Aux industries agricoles de la région, dont les produits sont impossibles à écouler depuis que la centrale nucléaire de Fukushima a émis des fuites radioactives dans l'eau et dans l'atmosphère ? « La production annuelle comprise dans un rayon de trente kilomètres de la centrale de Fukushima représente 900 milliards de yens par an. Si la compensation a lieu sur deux ans, cela fait 1.800 milliards (soit environ 14,8 milliards d'euros) », a calculé Hiromichi Shirakawa..
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