Ben Laden, l'homme qui valait 444 milliards

Justice et... vengeance. Ce sont les deux mots qui revenaient le plus lundi aux États-Unis après l'annonce par Barack Obama, de la mort d'Oussama Ben Laden, tard dans la soirée de dimanche. Le dirigeant d'al-Qaida, « un terroriste responsable du meurtre de milliers d'innocents », a été tué au Pakistan au cours d'un raid mené par les États-Unis. Si elle a déclenché des mouvements de célébration dans tout le pays, cette annonce n'a eu qu'un impact limité sur les marchés boursiers. « Justice est faite », a poursuivi le président américain. Mais la « guerre contre la terreur », entamée au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, n'a pas pris fin pour autant, alors que les autorités américaines redoutent désormais des représailles contre leurs intérêts ou leurs citoyens.Promesse de campagne, le retrait des troupes américaines d'Afghanistan reste ainsi flou. Et l'impact du décès d'Oussama Ben Laden sur son calendrier est encore incertain. L'administration américaine prévoit toujours officiellement de rappeler une partie des 100.000 soldats déployés dans le pays à partir de juillet. Mais l'ampleur de ce mouvement dépendra des conditions sécuritaires. Beaucoup d'observateurs estiment qu'il devrait être limité jusqu'à la fin de l'année. Reste que la disparition de cette figure emblématique des menaces contre les États-Unis pourrait renforcer les pressions réclamant un retrait plus rapide, dans un contexte budgétaire particulièrement tendu. Le mois dernier, près de deux tiers des Américains se prononçaient déjà pour l'arrêt des opérations en Afghanistan.La plus longue guerre« L'Afghanistan est la plus longue guerre de l'histoire de notre pays. Comment pouvons-nous encore nous permettre ces vies perdues ? Comment pouvons-nous dépenser ces milliers de milliards ? » avait lancé en mars le démocrate Dennis Kucinich en présentant une résolution, rejetée par le Congrès, visant au rapatriement total des troupes cette année. Selon les estimations du Congressional Research Service, les dépenses militaires en Afghanistan (cumulées depuis 2001) atteindront 444 milliards de dollars à la fin septembre. En ajoutant les opérations en Irak, l'après-11 septembre aura coûté 1.280 milliards aux contribuables américains. Et le maintien d'une partie des troupes dans ces deux pays pourrait faire grimper la facture totale à près de 2.000 milliards au cours des dix prochaines années. « Nous devons également nous demander si les prix du pétrole auraient augmenté si rapidement, si la dette publique aurait été si élevée et si la crise financière aurait été si sévère », s'interrogeait par ailleurs Joseph Stiglitz dans une tribune publiée fin 2010 dans le « Washington Post ». Pour l'ancien conseiller économique de Bill Clinton, le coût réel de la seule guerre en Irak serait ainsi supérieur à 3.000 milliards de dollars.
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