Avec le terminal de Dunkerque, EDF veut accélérer sur le gaz

La question du gaz reste encore un peu tabou chez l'électricien public français. Peut-être parce que, initiée de longue date par Pierre Gadonneix, le prédécesseur de Henri Proglio qui avait auparavant dirigé Gaz de France, elle reste balbutiante. L'annonce ce mardi, par le président de la République en personne, du feu vert donné par EDF à son projet de construction d'un terminal méthanier à Dunkerque, ne va pas contribuer à éclaircir cette stratégie. « Cette décision d'investissement, pour un projet estimé entre 1 et 1,4 milliard d'euros, n'a pas encore été présentée, encore moins validée, par le conseil d'administration d'EDF », affirme une source interne. Elle devrait être examinée lors du prochain conseil fin mai tandis que la stratégie gazière du groupe, vieux serpent de mer, est à l'ordre du jour du comité de la stratégie mi-mai.Différé depuis 2006, cet investissement, décidé en dehors du circuit de gouvernance, est-il une manière de remercier les pouvoirs publics de l'arbitrage très favorable à EDF rendu récemment sur la loi Nome ? « L'Elysée a pu se sentir autorisé à demander un service à EDF », commente un proche d'Henri Proglio. L'Elysée y tient d'autant plus que la participation de Total à hauteur de 10 % dans ce terminal méthanier a été présentée l'an dernier comme une compensation, arrachée par le gouvernement, à la fermeture par Total de sa raffinerie de Dunkerque. Derrière le coup politique, il demeure que EDF travaille depuis des années à devenir un acteur gazier de poids. Et c'est très long. D'autant que l'électricien avait placé au coeur de son dispositif gaz sa filiale italienne Edison, avec laquelle les relations restent conflictuelles. Un projet controversé« EDF, qui ne détient que 4 % du marché français du gaz, tente depuis des années de signer un contrat d'approvisionnement long terme avec un grand producteur comme Gazprom », explique un analyste. Henri Proglio était encore le 28 avril en Russie pour en discuter avec les responsables du géant russe des hydrocarbures. Une information que EDF refuse de confirmer tandis que Gazprom l'annonce dans un communiqué... Toujours peu à l'aise, visiblement, EDF ne ménage pourtant pas sa peine sur ce dossier. L'électricien s'est engagé fin 2009 à participer « au moins à hauteur de 10 % » au gazoduc Southstream que le Russe veut construire dans le Sud de l'Europe. Un projet controversé de plus de 25 milliards de dollars. Parallèlement, EDF qui étudie la possibilité de construire un stockage souterrain de gaz dans les Landes - ce serait le premier de l'Hexagone non détenu par GDF Suez ou Total - envisage d'y associer Gazprom. C'est ce qu'avait affirmé Bruno Lescoeur, en charge du gaz chez EDF, au Bip/Enerpresse en juin 2010. L'électricien a saisi le 20 avril dernier la Commission nationale du débat public pour ce projet estimé à 650 millions d'euros. « C'est juste la deuxième étape nos études », nuance EDF. En attendant, en lançant son terminal méthanier, auquel pourraient être associés l'espagnol Gas Natural et l'allemand EnBW, EDF brise le monopole de GDF Suez, qui possède les trois terminaux de ce genre en activité en France. Et cela parait une bonne idée. « Après Fukushima, au moment où la question du nucléaire est posée en Europe, il devient important pour EDF d'avoir sa propre structure de regazéification pour maîtriser l'accès de son gaz naturel liquéfié en Europe continentale », estime Thierry Bros, analyste à la Société Généralecute; Générale.
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