Un regain de tension sur la Grèce pourrait amener la BCE à agir

Moins exposée que la Fed américaine depuis le début de la crise, la BCE pourrait être amenée à intervenir plus directement sur les marchés si la crise grecque connaissait un nouveau regain de tension. En pleine flambée des taux souverains, l'économiste en chef de Royal Bank of Scotland, Jacques Cailloux, a estimé mardi dernier que la BCE pourrait activer « l'option nucléaire » consistant à acheter directement des titres obligataires sur le marché secondaire pour prévenir toute panique et soutenir l'euro.Après les fortes turbulences du début de semaine dernière, les marchés européens se sont certes repris dans la perspective du déclenchement imminent du plan de sauvetage de la Grèce. Toujours très élevé, le taux grec à 2 ans évoluait vendredi autour de 12,5 %, contre près de 19 % mercredi, tandis que le taux portugais, scruté par les observateurs pour déceler toute contagion à d'autres pays « périphériques », refluait de 5,9 % à 3,8 %. Mais les marchés ne sont pas à l'abri d'une nouvelle poussée de fièvre. « D'éventuels rachats d'obligations d'état de la part de la BCE ne résoudraient pas les problèmes fondamentaux auxquels sont confrontés la Grèce et d'autres pays européens, mais ils brideraient la spéculation », explique René Defossez, économiste chez Natixis AM. Plans d'austéritéConfrontés à des déficits budgétaires plus de trois fois supérieurs aux critères de Maastricht, la Grèce, le Portugal, l'Espagne et l'Irlande doivent mettre en place de douloureux plans d'austérité dont le succès seraient remis en cause par un bond durable des coûts d'emprunt sur les marchés. Des achats de titres par la BCE pourraient opportunément calmer la tension sur les taux à long terme.Contrairement à la Fed, qui a acheté au total près de 2.000 milliards de dette publique et para-publique américaine pour relancer l'économie, les traités européens interdisent en temps normal à la BCE de telles interventions. Mais son mandat l'autorise à acquérir une large gamme de titres en cas de crise systémique, à l'image de son programme d'achat de 60 milliards d'euros d'obligations sécurisées. Une intervention d'ampleur sur le marché obligataire pose cependant problème.« Des achats en direct seraient une mesure exceptionnelle et la BCE ne voudrait pas apparaître comme finançant les déficits grecs, d'autant qu'elle est attachée à son indépendance », souligne Richard Woolnough, gérant chez M&G Investments. Pour contourner cette difficulté, la BCE pourrait avoir recours à des opérations exceptionnelles de refinancement à long terme, qui lui permettraient de prendre en pension des titres de dette en échange de liquidités pour soulager les marchés.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.